Vaccin contre la dengue : les Philippines poursuivent en justice six responsables de Sanofi

Le gouvernement des Philippines engage des poursuites contre Sanofi après sa campagne de vaccination contre la dengue. Le laboratoire est accusé de "négligence grave ayant entraîné la mort".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Vaccin contre la dengue : les Philippines poursuivent en justice six responsables de Sanofi
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Nouvel épisode dans l’affaire du vaccin contre la dengue Dengvaxia®. Le 1er mars 2018, le gouvernement philippin a annoncé engager des poursuites contre six responsables du laboratoire Sanofi Pasteur pour "négligence grave ayant entraîné la mort", des faits passibles de six ans de prison.
Le ministère philippin de la Santé précise que ces poursuites se fondent sur une enquête sur la mort de dix enfants, en ajoutant que d'autres plaintes font encore l'objet d'investigations.

Des risques pour les personnes jamais infectées

De quoi s’agit-il précisément ? En 2016, Sanofi Pasteur lance aux Philippines un programme de vaccination contre la dengue auprès d’un million d’écoliers. Mais en novembre 2017, une étude menée à l’université des Philippines à Manille montre que si le vaccin contre la dengue présente un intérêt chez les personnes qui ont déjà été infectées une fois par la maladie avant d'être vaccinées, son effet est potentiellement délétère chez les autres. Pour celles-ci, au lieu de les protéger lors de leur exposition au virus après la vaccination, il en aggraverait les symptômes. 
Conséquence, le 1er décembre 2017, les Philippines suspendent la campagne de vaccination. Mais plus de 875 000 enfants ont déjà reçu au moins une dose de vaccin sur la totalité des trois injections prévues. Un vent de panique se soulève alors dans le pays et les autorités philippines annoncent mener une enquête sur le décès d'une dizaine d'enfants qui avaient reçu le vaccin.

"Ils n’ont pas porté assistance aux victimes et à leurs familles"

Aujourd’hui, le ministère de la Santé philippin reproche à Sanofi Pasteur d’avoir "activement fait la promotion du produit en dépit de la connaissance des risques associés au vaccin" et "des risques associés à son utilisation", a déclaré à l’AFP Markk Perete, porte-parole du ministère. Il poursuit : "Quand des décès certains et d'autres urgences médicales sont apparues, ils n'ont pas porté assistance aux victimes et à leurs familles. […] C'est une infraction par négligence." Les procureurs philippins blâment par ailleurs Sanofi pour "ne pas avoir observé activement et surveillé de près les sujets vaccinés".
De son côté, le laboratoire Sanofi a toujours contesté tout lien de causalité entre ces décès et son vaccin.

Vente, distribution et importation de Dengvaxia® interdites

En parallèle des poursuites judiciaires, l’autorité sanitaire philippine (Food and Drug Administration ou FDA) avait annoncé le 19 février 2019 dans un communiqué interdire définitivement la vente, la distribution et l’importation du Dengvaxia® sur le territoire. En cause, une omission du laboratoire Sanofi, qui n’aurait pas soumis les documents post-approbation requis pour valider les certificats d’enregistrement du vaccin.
Ces décisions prises contre Sanofi aux Philippines risquent d’aggraver une méfiance déjà accrue face aux vaccins dans la région. Et malheureusement, la dengue reste une maladie grave transmise par les moustiques qui cause chaque année des centaines de morts dans l’archipel philippin, essentiellement des enfants.