Tabac : l'interdiction de vente aux mineurs très peu respectée
Deux buralistes sur trois vendent du tabac aux mineurs. Le Comité National Contre le Tabagisme réclame des contrôles et des sanctions en cas de non-respect de la loi.
Le tabac encore trop accessible aux ados. Selon une enquête* du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) publiée le 3 octobre 2019, deux buralistes sur trois (65,2%) en vendent aux mineurs de 17 ans et près d'un sur dix (10%) à des enfants de 12 ans. La loi de 2009 interdisant la vente de tabac à tous les mineurs n'est donc pas respectée en France.
Moins d’un buraliste sur cinq demande une pièce d’identité
L’enquête du CNCT montre également que plus de 40% des buralistes n'ont pas l'affichette conforme et visible de l'interdiction de vente aux mineurs et "moins d'un buraliste sur cinq applique la loi qui l'oblige à demander une preuve de l'âge par une pièce d'identité", remarque le professeur Martinet.
Autre résultat à noter : la loi est moins bien respectée dans les moyennes et grandes villes. En Ile-de-France par exemple, 92% des débitants de tabac vendent aux mineurs de 17 ans.
Le tabagisme est une "épidémie pédiatrique"
Problème posé par cette vente aux mineurs : les conséquences sur leur addiction à l’âge adulte. "Le tabac est une drogue très dure dans la mesure où sur trois garçons ou filles qui fument une cigarette pour voir, il y en a deux qui deviendront fumeurs quotidiens pendant une période de leur vie" rappelle à l’AFP le professeur Yves Martinet, président du CNCT. "Donc dès la première cigarette, on peut être accroché. C'est pourquoi il est important de prévenir la vente aux mineurs", explique-t-il.
De même, selon le CNCT, le tabagisme est "une épidémie pédiatrique". La plupart des fumeurs commencent à fumer leur première cigarette aux alentours de 13-14 ans et chaque année en France, plus de 200.000 jeunes tombent dans le piège de cette drogue.
23% des ados de 17 ans fument tous les jours
Près d’un quart des jeunes (23%) de 17 ans sont des fumeurs quotidiens et près de six jeunes Français sur dix ont déjà essayé de fumer. Ce niveau est le plus bas mesuré à travers l'enquête Escapad depuis 2000 mais il reste particulièrement élevé, note le comité.
Et chaque année, en France, le tabac tue prématurément 75.000 personnes, "ce qui représente plus d’un décès sur huit" rappelle le CNCT.
Intensifier les contrôles
Mais alors comment faire respecter la loi et imposer l'interdiction de vente des produits du tabac aux mineurs pour qu’elle soit efficace ? Par l'organisation de contrôles des débits de tabac, incluant la possibilité de fermeture administrative de durée variable en cas de récidive, propose le CNCT.
Les experts recommandent également de prendre exemple sur les pays en voie de parvenir à des générations sans tabac, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore le Canada, qui ont adopté un arsenal de mesures anti-tabac et "appliquent rigoureusement la mesure d'interdiction de vente aux mineurs".
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*L'enquête a été réalisée du 16 avril au 11 mai 2019 par BVA avec des "clients mystère" auprès d'un échantillon représentatif de 527 débits de tabac. Chaque visite "mystère" était effectuée par un mineur de 12 ou 17 ans (autant de filles que de garçons) et un adulte. Elle a été financée par le Fonds de lutte contre le tabac.
