Cigarette électronique : "Il faut enregistrer les effets secondaires" pour connaître les risques

La déclaration des effets indésirables de la cigarette électronique n’est pas obligatoire car il ne s’agit pas d’un médicament. Un manque de données qui rend l’évaluation scientifique difficile.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le Docteur Anne-Laurence Le Faou, addictologue et présidente de la Société française de tabacologie, répond aux questions du Magazine de la santé.

  • Que sait-on aujourd’hui des effets néfastes de la cigarette électronique ?

Dr Anne-Laurence Le Faou : "La cigarette électronique n’est pas un médicament donc les effets indésirables ne sont pas enregistrés. La littérature scientifique montre par exemple que quelqu’un qui utilise cette cigarette électronique et qui a une pathologie pulmonaire peut avoir une exacerbation de ses symptômes, notamment de la toux. Mais globalement, on n’a pas de monitorage des effets indésirables."

  • Est-ce qu’il y a un sur-risque d’infarctus comme le montre une étude américaine publiée récemment ?

Dr Anne-Laurence Le Faou : "Ce sur-risque a été montré par une étude américaine. Effectivement, quand vous avez des « shoots » d’une substance étrangère qui arrive brutalement au niveau des vaisseaux sanguins, il y a forcément une réaction vasculaire mais pour en être certain, il est nécessaire d’enregistrer les effets indésirables, de les faire déclarer avec un système spécifique pour construire la connaissance sur les risques. On ne peut pas garantir qu’il y aucun risque"

  • Est-ce que la cigarette électronique est efficace pour les fumeurs qui veulent arrêter ?

Dr Anne-Laurence Le Faou : "Des méta-analyses ont été faites pour évaluer l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique mais les résultats sont contradictoires. Il faut plusieurs années pour recueillir des données mais les dispositifs évoluent en permanence, il y a toujours des nouveautés. Donc à chaque fois, les études qui sont publiées portent sur des modèles dont les mécanismes sont différents. Par exemple, le dernier produit en date utilise du tabac chauffé. Là-dessus, nous avons une étude suisse qui montre que des produits toxiques sont diffusés en quantité importante parce que la combustion est incomplète."

  • Est-ce qu’il faut continuer à proposer la cigarette électronique comme outil de sevrage ?

Dr Anne-Laurence Le Faou : "On ne peut pas la recommander comme on le fait pour des médicaments dont l’efficacité est prouvée scientifiquement. Mais on ne la déconseille pas. Simplement, pour éviter ces « shoots » dont je parlais, on va donner un traitement complémentaire comme des patchs ou des médicaments comme la varénicline ou le bupropion qui fonctionnent bien."