Pollution de l’air : l’État condamné pour son inaction

Le Conseil d’État a ordonné au gouvernement français de prendre des mesures pour réduire la pollution de l’air, sous peine d’une astreinte record de 10 millions d’euros par semestre de retard.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Pollution de l’air : l’État condamné pour son inaction
Crédits Photo : © Shutterstock / Davit Khutsishvili

C’est une condamnation record. Le Conseil d’État a ordonné vendredi 10 juillet au gouvernement de prendre des mesures pour réduire la pollution de l'air dans plusieurs villes et régions françaises, sous peine d'une astreinte record de 10 millions d'euros par semestre de retard.

Cette astreinte est le montant "le plus élevé" jamais imposé "pour contraindre l’État à exécuter une décision prise par le juge administratif", a précisé dans un communiqué le Conseil d’État. Celui-ci avait déjà jugé il y a trois ans que l’État ne respectait pas ses engagements contre la pollution de l'air responsable de près de 50.000 morts prématurées par an dans le pays.

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Toujours pas de mesures dans huit zones françaises

Lors de cette précédente décision du 12 juillet 2017, le Conseil d’État, saisi par l'ONG Les Amis de la Terre, avait enjoint à l’État de mettre en œuvre des plans de réduction des niveaux de particules fines PM10 (diamètre inférieur ou égal à 10 microns) et/ou de dioxyde d'azote (NO2, polluant notamment associé au trafic routier) dans treize zones.

Mais "l’État ne peut être regardé comme ayant pris des mesures suffisantes propres à assurer l'exécution complète de cette décision" dans huit de ces zones, dont Paris, Lyon, Marseille, Grenoble ou Strasbourg, insiste la plus haute juridiction administrative dans sa nouvelle décision.

Une astreinte versée aux ONG et à des personnes morales

Pour rendre son jugement, le Conseil d’Etat a pris en compte le délai écoulé depuis la précédente décision, l'importance du respect des règles européennes, "la gravité des conséquences" en termes de santé publique et "l'urgence qui en découle". Le gouvernement a désormais six mois pour prendre des mesures avant de devoir s'acquitter de cette somme.

Le cas échéant, le Conseil d’État précise que "pour la première fois" l'astreinte pourrait être versée aux ONG requérantes mais aussi à des personnes morales publiques "disposant d'une autonomie suffisante à l'égard de l’État" ou privées à but non lucratif, menant des actions dans le domaine de la qualité de l'air.