Des médecins alertent sur la présence du lobby viticole à l'Elysée
Selon certains médecins, l’Elysée serait aujourd'hui prêt à traiter le vin différemment des autres alcools. Jean-Pierre Couteron, président de la fédération Addiction, répond au Magazine de la Santé.
En engageant Audrey Bourolleau, déléguée générale de Vin et Société, comme conseillère Agriculture du président de la République, l’Elysée aurait cédé au lobby viticole, selon les spécialistes en addictologie. Ceux-ci craignent notamment que le vin ne soit plus, à l’avenir, classé dans la catégorie des substances psychoactives.
Jean-Pierre Couteron, psychologue et président de la fédération Addiction, répond aux questions du Magazine de la Santé.
- Le poids de la filière viticole vous inquiète-t-il ?
Jean-Pierre Couteron : Vous seriez rassurée, vous ? Sur la question du vin, les professionnels de santé ne sont pas concertés. Ça donne envie de crier. C'est un débat de fond qu'on n'arrive pas, en France, à structurer de façon intelligente. On a notamment appris que la conseillère Agriculture avait tracté avec la conseillère Santé du Président sans nous prévenir. On se demande si la santé va être entendue…
- Il va y avoir des conséquences sur la politique de santé ?
Jean-Pierre Couteron : Si les acteurs de la santé ne sont pas prévenus, oui. De nouveaux repères ont été définis sur la consommation d'alcool et sur la notion de modération. Mais si on veut être cohérent en termes de régulation, il faut que les acteurs de santé soient présents, pour que les arguments santé puissent peser aussi fort que les arguments économiques.
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- Les viticulteurs disent qu'il faut distinguer le vin des autres alcools au nom de la tradition culinaire française…
Jean-Pierre Couteron : Au nom de la tradition culinaire, oui, mais pas dans le champ de la santé publique. Le vin, c'est de l'alcool. Qu'il y ait des stratégies adaptées, c'est possible, mais on ne peut pas lui accorder une qualification qu'il n'a pas. On nous vend un argument culturel, mais on se rend compte que les lobbyistes eux-mêmes n'y croient pas.
- Est-ce que la ministre de la Santé vous soutient ?
Jean-Pierre Couteron : J'attends une prise de position. On a montré qu'on n'était pas hystériques, qu’on n’était pas des ayatollahs. On est capables de défendre une politique de régulation, mais il faut qu'on nous prévienne. La seule fois que j'ai vu la ministre, c'était dans votre studio. Nous nous sommes serré la main rapidement, dans le couloir.