L'AP-HP accusée de non-assistance à une patiente victime d'un viol

L'Assistance publique - Hôpitaux de Paris fait l'objet d'une enquête après une plainte pour non-assistance à personne en danger. En juillet, une patiente porteuse de trisomie aurait subi un viol par un autre patient.

Muriel Kaiser avec AFP
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L'AP-HP est accusé de n'avoir pris aucune mesure après des faits de violence sexuelle
L'AP-HP est accusé de n'avoir pris aucune mesure après des faits de violence sexuelle  —  Shutterstock

L'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) à nouveau dans dans la tourmente. Le 5 décembre 2023, une plainte a été déposée par la mère d'une patiente pour non-assistance à personne en danger.

Cette plainte a abouti à "une procédure sous la direction de la section santé publique du parquet de Paris", a indiqué le ministère public, confirmant une information du Parisien.

Des faits de violences sexuelles sur une patiente

La mère de la patiente reproche à l'AP-HP d'avoir failli à protéger sa fille d'un autre patient qu'elle accuse de viol, a appris l'AFP de source proche du dossier. Elle raconte avoir été prévenue, fin juillet par le personnel de l'hôpital parisien Sainte-Périne, qu'un patient nu avait été retrouvé, allongé contre sa fille, dont la couche était retirée.

"L'hôpital m'avait promis en août de prendre des mesures pour protéger ma fille mais rien n'a été fait", s'est-elle émue auprès des policiers, tutrice légale de sa fille porteuse de trisomie, qui souffre, à l'âge de 50 ans, de troubles neurocognitifs.

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Une plainte pour viol sur personne vulnérable

La direction de l'établissement, spécialisé dans la gériatrie, n'a "pas signalé cet événement tragique à la justice, alors qu'elle avait l'obligation légale de le faire", a déploré l'avocat de la famille, Me Alexandre Lobry, qui la représente avec Me Laura Abecassis.

Le 24 octobre 2023, la mère décide de déposer une plainte, consultée par l'AFP, pour viol sur personne vulnérable. Dans celle-ci, elle fait part de son sentiment que le chef de service a cherché à la faire "compatir" au sujet du suspect, lui répétant qu'il était "malade" et qu'en cas d'exclusion de l'hôpital, il pourrait se retrouver "à la rue".

Préciser la "qualification" des gestes

Une enquête est confiée au 1er district de police judiciaire, pour des "gestes de nature sexuelle subis au sein de l'hôpital", a confirmé le parquet.

L'objectif est de "préciser la matérialité et la qualification" de ces "gestes", a indiqué le ministère public, mais le suspect n'a pas encore été entendu "en raison de son état psychiatrique". Ce patient, "inconnu des services de police", est "lui-même interné en psychiatrie depuis de nombreuses années".

Le suspect et la victime toujours au même étage

Alors quand elle rend visite à sa fille, la mère "continue de croiser" le suspect, "il est toujours au même étage qu'elle", a-t-elle déploré début décembre lors de son dépôt de plainte contre l'AP-HP.

D'après Me Lobry, ce "manque de mesures de sécurité" peut faire courir le "risque de récidive à son encontre ou envers tout autre patient de l'hôpital".

Contactée, l'AP-HP n'était pas en mesure de réagir dans l'immédiat.

"Violences sexuelles : les femmes handicapées en première ligne", chronique de Lucile Degoud, journaliste, du 22 avril 2019
Violences sexuelles : les femmes handicapées en première ligne  —  Le Mag de la Santé - France 5