Douleurs articulaires : les corticoïdes injectables en rupture de stock

Les rhumatologues tirent la sonnette d'alarme. Depuis un mois, ils doivent faire face à une nouvelle pénurie de corticoïdes injectables. Ces traitements permettent de réduire la douleur des patients souffrant d'arthrose, de tendinite ou de sciatique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Pour une sciatique, certains patients attendent plusieurs jours pour recevoir une injection de corticoïdes qui soulagera la douleur. À l'origine de cette situation : une pénurie d’Altim®, un médicament produit par Sanofi. Le laboratoire n’est plus en mesure d'approvisionner le marché après un incident grave survenu dans l'installation de son fabricant en Angleterre. Conséquence : les autres produits, qui pourraient le remplacer, n'ont pas pu faire face à l'augmentation subite de la demande. Ils sont distribués au compte-gouttes, alors qu'ils sont essentiels dans le traitement de la douleur.

Certaines pathologies comme les sciatiques opérées ou les névralgies cervico-brachiales, ne peuvent plus du tout être traitées avec les médicaments actuels. À ce problème s’ajoute le fait que les alternatives thérapeutiques ne conviennent pas à tous les malades.

Des alternatives médicamenteuses potentiellement plus dangereuses

Le Dr Emmanuel Maheu préside le Syndicat national des médecins rhumatologues. À cause de cette pénurie, ils doivent prescrire à nouveau des traitements par voie générale. "Ce qui a pour conséquence de prescrire des traitements potentiellement plus dangereux, comme par exemple les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Le modèle numéro 1, c’est l’aspirine. Ou bien on prescrit des médicaments antalgiques opioïdes qui sont souvent mal tolérés, en particulier chez les sujets âgés."

Il existe pourtant dans d'autres pays comme l'Allemagne ou la Suisse un produit qui permettrait de traiter les patients, la dexaméthasone sans sulfite. Mais ce médicament ne bénéficie pas pour l'instant d’une autorisation de mise sur le marché en France.

Un nouveau traitement en attente d’autorisation de mise sur le marché

Le Dr Jean-Michel Race est responsable de ce dossier à l’Agence du Médicament (ANSM). Selon lui, malgré la pénurie, il ne faut pas se précipiter. "Il y a un minimum de travail d'évaluation. Il faut avoir la confirmation que c'est bien cette forme-là qui est utilisée dans les infiltrations rachidiennes, avoir des éléments identiques de la part des sociétés savantes, vérifier qu'on n'a pas d'effets indésirables graves inquiétants qui remettraient en cause cette possibilité de l'utiliser".

L'ANSM espère obtenir les résultats des évaluations d'ici quelques semaines, afin d'émettre au plus vite une autorisation temporaire d'utilisation. Une procédure accélérée en attendant l’autorisation de mise sur le marché.