Est-ce dangereux d'habiter près d'un vignoble ? L’étude qui dérange

L’Agence nationale de sécurité sanitaire et Santé publique France lancent une vaste enquête pour établir les risques d’exposition des habitants de région viticole aux pesticides.

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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / olrat

Les raisins de la discorde. Une étude visant à déterminer l’incidence des pesticides sur la santé des riverains de domaine viticole a été lancée mardi, par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et Santé publique France. Dans le Bordelais, le secteur a déjà fait savoir qu’il “n’accompagnera pas” cette démarche.

L’enquête visera à établir une "photographie objective" des risques d’exposition des pesticides dans le voisinage proche des domaines viticoles et agricoles. 3 350 participants, de 3 à 79 ans, répartis dans six régions, seront suivis jusqu'en août, dans le cadre de l'étude “PestiRiv”.

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Suivi biologique et environnemental

Ces volontaires feront notamment l'objet d'un suivi biologique (prélèvements d'urine ou de cheveux...) et environnemental (capteurs d'air ambiant, échantillons d'eau ou de légumes du potager...). 

La viticulture est particulièrement concernée par l’étude. Avec des “fréquences de traitement relativement élevées et une forte imbrication entre habitat et vignes”, selon Jean-Luc Volatier, de la direction de l’évaluation des risques de l’ANSES, les domaines viticoles constituent un terreau fertile pour étudier les risques sur la population voisine. 

"Eviter les conclusions hâtives"

Du côté des professionnels de la vigne, on grince des dents. Le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) regrette, entre autres, un "manque de transparence" sur les retours d'une phase d'expérimentation menée en 2019 en Nouvelle-Aquitaine. "La disparité de localisation des échantillons, avec plus de la moitié de l’étude qui se déroulerait en Gironde" est aussi pointée du doigt. 

En outre, le CIVB a annoncé qu’il “n'accompagnera pas cette démarche, ni auprès des entreprises viticoles girondines, ni auprès des maires des communes concernées". La profession attend des clarifications et un “effort de pédagogie et de contradiction” de la part de Santé publique France et l'Anses pour “éviter les conclusions hâtives” à destination du grand public.

Prime à la culture bio

Les producteurs convertis au bio se félicitent, eux, de l’opération “PestiRiv”. Au micro d’Europe 1, Guillain Boutemy, vigneron girondin n’utilisant que des produits bio dans le traitement de ses plants, attend avec impatience les résultats de "PestiRiv". "Ça m'intéresse de savoir comment évolue ce que l'on envoie dans la vigne et dans l'air. S'il y a un réel impact on pourra agir en conséquence et s'il n'y en a pas, on le saura.”