IVG : l’Argentine légalise l’avortement

L'Argentine devient l'une des rares nations d'Amérique du sud à autoriser l'avortement, après l'adoption d'une loi par le Congrès. Le vote de cette loi a profondément divisé l'opinion publique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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2020 Aborto legal (2020 Avortement légal) : Manifestation à La Plata, province de Buenos Aires, en avril 2020 pour la légalisation de l’avortement.
2020 Aborto legal (2020 Avortement légal) : Manifestation à La Plata, province de Buenos Aires, en avril 2020 pour la légalisation de l’avortement.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Oksana Bokhonok

L’avortement est désormais légal en Argentine. Déjà approuvé par les députés le 11 décembre, le texte autorisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu'à 14 semaines de grossesse a été voté le 30 décembre par les sénateurs avec 38 voix pour, 29 contre et une abstention. Immédiatement après le feu vert du Sénat, le Congrès a adopté la loi.

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Un texte rejeté en 2018

Jusqu'ici, l'avortement n'était permis en Argentine qu'en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère, selon une loi datant de 1921.

Alors que les députés avaient adopté le texte par 131 voix pour, 117 contre et six abstentions, le vote du Sénat, réputé plus conservateur, semblait loin d'être acquis. En 2018, il avait rejeté par sept voix un texte similaire dans un pays encore très catholique et profondément divisé sur la question.

Un sujet de santé publique "très sérieux"

Le président de centre gauche Alberto Fernandez, au pouvoir depuis fin 2018, avait promis pendant sa campagne de soumettre à nouveau la légalisation de l'IVG aux parlementaires.

"Je suis catholique, mais je dois légiférer pour tous, c'est un sujet de santé publique très sérieux", a récemment fait valoir le chef de l'État.

"Pour que les femmes arrêtent de mourir"

Les pro-IVG, ralliés autour de la couleur verte, ont mené une intense campagne sur les réseaux sociaux. En particulier la Campagne pour un avortement légal, sûr et gratuit, qui regroupe plus de 300 organisations féministes, déjà très mobilisées en 2018. "Nous espérons que la loi va passer (...) pour que les femmes arrêtent de mourir à cause d'avortements clandestins", avait déclaré à l'AFP Cele Fierro.

Aujourd’hui, des milliers de partisans du "oui" ont manifesté leur joie devant le Parlement. "Après tant de tentatives et des années de lutte qui ont fait couler du sang et nous ont coûté des vies, aujourd'hui nous avons enfin fait l'histoire", a lancé à l'AFP Sandra Lujan, une psychologue de 41 ans, qui participait à la veillée.

520.000 IVG clandestines par an

Selon le gouvernement argentin, entre 370.000 et 520.000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année dans le pays de 44 millions d'habitants, où 38.000 femmes sont hospitalisées pour complications lors d'avortements clandestins.

Avec ce texte, l'Argentine rejoint Cuba, l'Uruguay, le Guyana et la province de Mexico, les seuls à autoriser l'IVG sans conditions en Amérique latine.