Des associations et collectifs demandent l'allongement à 30 jours du congé paternité

La fête des pères le 21 juin a été l’occasion de revendiquer la prolongation du congé paternité en France.

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le
Plus de 60% des 18-24 ans souhaitent un allongement du congé paternité
Plus de 60% des 18-24 ans souhaitent un allongement du congé paternité  —  ©PublicDomainPictures, Pixabay

Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité entre femmes et hommes, affirmait le 23 juin que le Parlement des enfants avait « plébiscité l’allongement du congé paternité », et qu’en conséquence, « le gouvernement l’allongera ».

Ce congé permet depuis 2001 au second parent d’un bébé de prendre 11 jours de congé afin de s’en occuper. Si à l’époque, il était considéré comme beaucoup trop long, beaucoup d’associations et de politiques le considèrent aujourd’hui comme beaucoup trop court.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye citait ainsi le 21 juin Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance :

Un mouvement de grande ampleur

De nombreuses associations ainsi que des collectifs réclament depuis longtemps un congé paternité long d’au moins 30 jours. Lors de la fête des pères cette année, un collectif composé de dix pères engagés a publié une tribune en ce sens. Ils ont lancé le hashtag #1moisminimum sur les réseaux sociaux.

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Soutenir la jeune mère

« Pour beaucoup de mères il y a beaucoup de souffrance post-partum », déclare Bianca Brienza, co-fondatrice et dirigeante de l'association Parents et Féministes. « Le remède principal, c’est la présence du conjoint ou de la conjointe après un accouchement. Se remettre d’un accouchement est compliqué, et devoir s’occuper seule d’un enfant n’est pas ce dont les mères ont besoin. »

De plus, la dépression post-partum, qui touche jusqu’à 19% des jeunes mères dans l’année qui suit leur accouchement, nécessite la présence et le soutien du conjoint ou de la conjointe.

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Davantage d’égalité entre femmes et hommes

Selon Bianca Brienza, les enjeux du congé paternité dépassent le seul soutien émotionnel. « On sur-responsabilise les femmes et on sous-responsabilise les hommes. Ça donne l’impression que ce sont les femmes qui doivent s’occuper des enfants. Symboliquement, ça nous paraît important d’aligner les deux congés pour faire changer les mentalités. »

« Si seule la femme s’occupe du bébé, c’est elle qui devient l’experte enfant du couple et la référence pour s’en occuper », analyse Mme Brienza. « C’est donc elle qui prend en charge la parentalité, même sur son lieu de travail et longtemps après son congé maternité. »

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Egalité dans la carrière

La dirigeante de Parents et Féministes affirme que « Notre objectif c’est que l’employeur se pose la question de la parentalité pour tous les salariés. La question de remplacer une salariée qui part en congé maternité ne se pose que pour les femmes, par exemple. »

Bianca Brienza imagine l’impact de cette mesure : « On ne pense pas pouvoir parvenir à l’égalité au travail si on n’augmente pas le congé paternité. On espère que les pères s’investiront davantage, et que même à la fin du congé ils maintiendront leur implication en tant que père. »

Congé paternité obligatoire ?

Selon une étude de la DREES de janvier 2019, plus de 63% des 18-24 ans souhaite un allongement du congé paternité. Certains d’entre eux sont même favorables à ce qu’il devienne obligatoire.

« Le caractère obligatoire est important : car sinon on se doute qu’il y aura des pressions. Les avocats parisiens ont déjà le droit à un congé paternité d’un mois, mais presque personne ne le prend pour cette raison », explique Bianca Brienza.

La DREES établit que 8% des Français trouvent le congé paternité trop court. Puisque plusieurs membres du gouvernement ont récemment fait état de leur position sur le sujet, une proposition de loi sur le sujet pourrait bientôt parvenir au Parlement.