Congé paternité allongé : "Nous nous battons pour cela depuis des années"

La loi qui prévoit un congé de paternité supplémentaire pour les pères dont les enfants sont hospitalisés immédiatement après la naissance entre en vigueur aujourd’hui, 1er juillet 2019. 

Héloïse Rambert
Rédigé le , mis à jour le
Congé paternité allongé : "Nous nous battons pour cela depuis des années"
© Steve Lovegrove sur Fotolia

Charlotte Bouvard, fondatrice de "SOS Préma", l’association qui a œuvré à la mise en place de cette avancée pour les pères, répond aux questions de la rédaction d'Allodocteurs.fr

Aux pères ou aux coparents des enfants qui naissent et sont hospitalisés immédiatement, sans sortir de l’hôpital. A l’exclusion, pour l’instant, de ceux qui relèvent de la fonction publique. Pour eux, la réforme devrait en principe être effective à la fin de l’année. Ils ont désormais droit à 30 jours maximum de congés qui courra pendant la durée d’hospitalisation. Ce congé s’ajoute aux 3 jours de naissance et aux 11 jours de congé paternité classique.

  • Pourquoi ce nouveau droit pour les pères était-il essentiel pour vous ?

Pour des raisons médicales, sociales et humaines. Déjà, il n’est pas concevable qu’un père soit écarté de ce moment de vie familiale et doive aller travailler alors que son enfant est peut-être entre la vie et la mort. Il devait "jongler" entre le bureau  - où il est censé rester performant - et l'éventuelle fratrie, quelque fois à une grande distance de l’hôpital. Il existe aussi des études scientifiques qui montrent que la présence continue des deux parents auprès du bébé favorise le lien parents-enfants, réduit le temps d’hospitalisation de 5,3 jours en moyenne et améliore le développement du bébé à long terme.  En 2016, nous avons emmené des parlementaires en Suède pour leur montrer le système de néonatologie que nous voulions pour le France. Je me souviens de la stupéfaction du chef service quand il a compris que les pères français de bébés hospitalisés n’avaient pas de congés pour être auprès de leur bébé.

  • Comment avez-vous obtenu cette avancée pour les pères ?

L’association "SOS préma" est sur le terrain depuis 15 ans et se bat pour cela depuis des années. Nous avons fait un énorme travail de sensibilisation des pouvoirs publics et nous avons enfin été entendus. J’ai créé l’association en 2004 et nous avons obtenu en 2006 l’allongement du congé maternité des mères de prématurés en 2006. Aujourd’hui, c’est un nouveau succès et c’est un jour très émouvant. Notre rencontre avec l’IGAS, en avril dernier, a été déterminante. Quand nous leur avons parlé de la situation des pères d’enfants hospitalisés, ils ont pointé du doigt, pour la première fois dans un rapport public, la nécessité extrême de faire quelque chose pour ces familles. Mais c’est une victoire collective avec les équipes médicales. Nous avons tous le même objectif : que ces enfants aillent mieux et préparer la société de demain.

  • 30 jours de congés, est-ce la durée que vous souhaitiez ?

Non, nous demandions un congé qui couvre toute la durée d’hospitalisation pour se mettre en adéquation avec les études et l’histoire familiale de chacun. Mais c’est une mesure qui serait très coûteuse. Je considère que c’est là une première étape, et je pense que les choses vont évoluer naturellement dans les années à venir.