Bébés prématurés : le peau-à-peau peut sauver beaucoup de vies

Commencer le peau-à-peau dès la naissance des bébés prématurés, avant même qu’ils soient stabilisés, réduirait leur risque de mortalité, selon une nouvelle étude. Des résultats qui remettent en question les recommandations actuelles.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Jonas Torres

Du peau-à-peau immédiatement après la naissance pour les bébés prématurés. C’est ce que recommande une étude suédoise de l’Institut Karolinska, publiée le 27 mai dans le New England Journal of Medicine (NEJM).

Selon cette recherche, instaurer le peau-à-peau entre la mère et le nourrisson, même si le bébé n’est pas stabilisé, réduirait la mortalité de 25% chez les bébés nés avec un très petit poids de naissance.

Méthode "kangourou" ou mère et bébé séparés ?

Cette étude coordonnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a porté sur 3.211 enfants. Ils étaient tous nés avec un poids oscillant entre 1 et 1,8 kg, dans des pays à faible revenus (au Ghana, en Inde, au Malawi, au Nigeria et en Tanzanie), où la mortalité de ces bébés varie entre 20 et 30%.

Ces enfants ont été répartis en deux groupes :

  • Dans le premier groupe, un peau-à-peau en continu, ou "méthode kangourou" a été mis en place entre la mère et le nouveau-né, qui séjournaient ensemble dans l’unité néonatale ;
  • Dans le second groupe, la mère et le bébé séjournaient dans des unités distinctes et n’étaient réunis que pour l’alimentation du nouveau-né

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25% de décès en moins

Ainsi, au cours des 72 premières heures, les nourrissons du premier groupe ont bénéficié d'environ 17 heures de contact peau-à-peau par jour, contre 1,5 heure dans le groupe témoin.

Résultat : la mortalité au cours des 28 premiers jours était de 12 % dans le premier groupe, contre 15,7 % dans le groupe témoin, ce qui correspond à une réduction de 25 %. Les bébés qui avaient bénéficié du peau-à-peau présentaient aussi une température corporelle moins basse et moins de septicémie.

Sauver 150.000 vies chaque année

Si ces résultats sont confirmés à plus large échelle, les chercheurs estiment que la "méthode kangourou" pourrait sauver la vie de 150.000 nouveau-nés de petit poids de naissance chaque année dans le monde.

D’autant que "75 % des décès surviennent avant que le nourrisson ait été jugé suffisamment stable", note le docteur Nils Bergman, co-auteur de l’étude, dans un communiqué de l’Institut Karolinska.

Il s’agit donc d’une méthode peu coûteuse mais aux effets importants sur la santé, qui pourrait sauver beaucoup de vies si elle est mise en place immédiatement après la naissance, et ce pour les pays "de tous niveaux de revenus" concluent les chercheurs.

Vers de nouvelles recommandations

Ces résultats remettent en question les recommandations actuelles de l’OMS, publiées en 2015, selon lesquelles le peau-à-peau ne doit commencer que lorsque le bébé est suffisamment stable, ce qui peut prendre plusieurs jours pour les bébés qui pèsent moins de 2 kg à la naissance. A la lumière de cette nouvelle étude, l’OMS prépare une révision de ses recommandations.