"Nous voulons des coquelicots" : un appel citoyen contre les pesticides

L'hebdomadaire Charlie Hebdo lance un appel à l'interdiction immédiate de tous les pesticides de synthèse. Le texte a été signé par une centaine d'activistes et d'anonymes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entretien avec Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo
Entretien avec Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo

"Nous voulons des coquelicots !", dit le texte. "Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée, le tiers des oiseaux a disparu en 15 ans, la moitié des papillons en 20 ans, les abeilles et les pollinisateurs meurent... Non, nous ne voulons plus, à aucun prix. Nous exigeons protection. Nous exigeons de nos gouvernants l'interdiction de tous les pesticides".

Le journaliste spécialiste des questions environnementales Fabrice Nicolino, grièvement blessé lors de l'attaque jihadiste contre Charlie Hebdo en 2015,  est à l'origine de l'appel, signé notamment par l'évêque de Troyes Marc Stenger, la chanteuse Emily Loizeau et de nombreux anonymes.

"La situation est hors de contrôle"

"Les pesticides sont devenus un danger colossal pour les oiseaux, les insectes mais aussi pour la santé humaine", explique Fabrice Nicolino au Magazine de la santé. Pour lui, "la situation est hors de contrôle. L'industrie est devenue « criminelle », a échappé au contrôle humain et se contente de gérer ses parts de marché sans tenir compte de l'intérêt des humains et des écosystèmes".

Pour ce numéro spécial de Charlie Hebdo, une quinzaine de membres de la rédaction a soumis quelques cheveux à analyse. Selon Fabrice Nicolino, le laboratoire missionné a décelé entre 34 et 50 substances toxiques (sur 140 recherchées) telles que du lindane, un insecticide interdit en France depuis 1998, ainsi que des bisphénols.

Pour un coquelicot viral

Les porteurs de l'appel espèrent recueillir en deux ans cinq millions de soutiens en France. "On pense que la société française est capable de se lancer dans cette aventure, pour sortir des pesticides", "une tragédie pour la santé", dit encore Fabrice Nicolino, qui espère que le port de la cocarde en forme de coquelicot deviendra "viral", "comme la main de SOS Racisme il y a 30 ans".