Pesticides: la FNSEA dit non aux arrêtés municipaux, oui au "cas par cas"

Pour protéger les riverains des pesticides, la présidente de la FNSA préfère des solutions au "cas par cas". Elle condamne ainsi l’arrêté municipal pris par le maire de Langouët que la justice vient de suspendre.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Pesticides: la FNSEA dit non aux arrêtés municipaux, oui au "cas par cas"
Crédits Photo : © Pixabay / Erich Westendarp

Des solutions "au cas par cas" pour protéger les riverains de fermes agricoles des épandages de pesticide. C’est ce que la FNSEA, par la voix de sa présidente Christiane Lambert, a indiqué préférer plutôt qu'une délimitation stricte par la loi qui conduirait à des pertes de revenus.

"Que les riverains se posent des questions, c'est normal, au regard de tout ce qui est dit, y compris de faux, sur les pesticides, que l'on cherche des solutions au cas par cas pour voir comment protéger les riverains, c'est normal" a-t-elle déclaré le 28 août sur Radio Classique.

Arrêté suspendu à Langouët

A travers cette prise de position, la responsable de la première organisation agricole critique l'initiative du maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), Daniel Cueff, qui a pris en mai dernier un arrêté interdisant l'utilisation de produits phytopharmaceutiques "à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d'habitation ou professionnel".

"Pourquoi pas 200 ou 300 mètres?" a-t-elle demandé. "Pourquoi pas la même chose pour les voitures qui n'auraient plus le droit de se garer dans sa commune? Chaque maire ne peut pas, comme ça, décider de lui même sur des sujets très complexes et qui relèvent de l'autorité de l'Etat". L'arrêté a d’ailleurs été suspendu le 27 août par la justice.

Vers un encadrement des zones d’épandage ?

Selon Christiane Lambert, une généralisation par la loi de cette interdiction dans la France entière aurait pour effet "d'ensauvager 15% du territoire français". "Et qui va payer ?" s'est-elle interrogée, en précisant qu'elle allait rencontrer prochainement la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne à ce sujet. Cette dernière a de son côté affirmé le 27 août partager "totalement la préoccupation du maire de Langouët" et annoncé un projet de réglementation pour instaurer une "zone minimale entre les épandages et les habitations".

Le Président Macron avait quant à lui assuré le 23 août soutenir "dans ses intentions" le maire breton et avait exprimé le souhait d’ "aller vers un encadrement des zones d'épandage de pesticides", en pointant "les conséquences sur la santé publique".

"Radicalisation" antipesticides

L’utilisation des pesticides fait l’objet de vifs débats entre agriculteurs, militants écologistes, politiques et riverains. Lors de son intervention au micro de Radio Classique, Christiane Lambert a regretté la "radicalisation" antipesticides de "certains militants" qui contribue selon elle à parfois nourrir l'hostilité vis-à-vis d'agriculteurs. "Il y a eu tellement de 'buzz' (...) pour diaboliser les phytos (diminutif de produits phytopharmaceutiques, ndlr) et dire qu'un monde sans phyto est tout à fait possible, alors qu'on sait très bien qu'un monde sans médicament" ne l'est pas, a-t-elle assuré.

"Il y a une incompréhension qui s'est créée, probablement certains militants sont allés un peu loin dans la diabolisation", a-t-elle ajouté en se félicitant néanmoins de voir que durant le débat parlementaire sur l'accord commercial avec le Canada (CETA), les écologistes étaient du même côté que la FNSEA face au gouvernement.