Faut-il renouveler l'autorisation des herbicides à base de glyphosate ?

L'autorisation de commercialiser en Europe des herbicides à base de glyphosate (notamment utilisé dans le Roundup® de Monsanto) expirera le 30 juin 2016. Saisie de la question d'un reclassement du glyphosate comme "cancérigène probable", l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a botté en touche début février, renvoyant le dossier à l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Mais d’autres composants des désherbants à base de glyphosate sont au cœur d'une controverse sanitaire. L'Anses a lancé une nouvelle évaluation sur ce dossier, la ministre de l’Écologie Ségolène Royal plaidant pour le retrait des autorisations.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les agriculteurs français pourront écouler leurs stocks de Basta F1 jusqu'en juillet 2018.
Les agriculteurs français pourront écouler leurs stocks de Basta F1 jusqu'en juillet 2018.  —  Photo © Sauletas - Fotolia

Le glyphosate est-il cancérigène pour l’homme, comme le suspecte le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui juge le cas "probable", ou non, comme l'estime l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), pour qui "les informations disponibles ne justifient pas" ce classement ?

Invitée à étudier le dossier par Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, l’Anses a tranché ce 9 février : ni oui, ni non.

"L’Agence relève qu'au vu du niveau de preuve limité, une classification en catégorie 1A ou 1B (cancérogène avéré ou présumé pour l'être humain) ne peut être proposée, mais qu’une classification en catégorie 2 (substances suspectées d'être cancérogènes pour l'homme, CLP) peut se discuter".

L'Anses conclut en jugeant "nécessaire" que le classement du glyphosate "soit rapidement revu par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA)".

Pour ce qui est des préparations herbicides mêlant le glyphosate à d’autres substances (notamment des adjuvants à base d'amines grasses de suif, ou tallow-amines), l'Anses a également annoncé procéder "sans délai" à leur réévaluation.

Le 12 février, Ségolène Royal, a demandé à l'agence le retrait des autorisations de mise sur le marché de ces herbicides.

Sur son site internet, le groupe Monsanto assure que sa gamme d'herbicides Roundup®, son désherbant le plus vendu au monde, à base de glyphosate, ne contient pas cette famille d'adjuvants. 

Il reconnaît cependant que "d’autres préparations à base de glyphosate, appartenant à Monsanto ou à d’autres entreprises, contiennent des coformulants de la famille des tallowamine […] tout comme de nombreux autres produits phytosanitaires ou même domestiques (produits de nettoyage ou ménagers)". 

En novembre 2015, l'Autorité européenne de sécurité des aliments avait estimé "improbable" que le glyphosate seul présente un danger cancérogène pour l’homme, un avis qui avait suscité des critiques exprimées fin novembre par 96 scientifiques du monde entier dans une lettre ouverte.

D'autant que quelques mois plus tôt, le Centre international pour le Cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMC), avait au contraire déclaré cancérogène "probable" pour l'homme le glyphosate, aux côtés d'autres pesticides tels que le malathion ou le diazinon.