Intoxication aux pesticides : Monsanto jugé responsable

Le géant américain Monsanto a été jugé "responsable", lundi à Lyon, de l'intoxication à l'herbicide en 2004 d'un agriculteur français, ouvrant la voie à des dommages-intérêts, ce qui constitue une première en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Intoxication aux pesticides : Monsanto jugé responsable

"Monsanto est responsable du préjudice de Paul François suite à l'inhalation du produit Lasso", peut-on lire dans le jugement du tribunal de grande instance de Lyon, consulté par l'AFP.

En conséquence, le tribunal "condamne Monsanto à indemniser entièrement Pierre François de son préjudice", précise le jugement du tribunal, qui confie une expertise médicale à un médecin de l'hôpital Rothschild à Paris.

Le 27 avril 2004, Paul François, un céréalier de Bernac en Charentes, avait inhalé des vapeurs de Lasso, un puissant désherbant produit par Monsanto, en ouvrant la cuve d'un pulvérisateur. S'en étaient suivi pour l'agriculteur des nausées, des évanouissements, des troubles neurologiques (bégaiements, vertiges, maux de têtes) et des troubles musculaires. Des troubles qui l'avaient forcé à cesser son activité pendant près d'un an.

L'agriculteur, âgé aujourd'hui de 47 ans, est désormais invalide à 50 %. En mai 2005, soit un an après l'accident, des analyses révélaient la présence dans son organisme de traces de monochlorobenzène, un solvant présent dans le Lasso. Trois ans plus tard, il parvenait à faire reconnaître ses problèmes de santé comme maladie professionnelle et entamait une procédure en responsabilité civile contre l'industriel.

Négligences de Monsanto

L'avocat du céréalier, maître Paul Lafforgue, a reproché à Monsanto d'avoir tout fait pour que le désherbant incriminé reste sur le marché alors que sa dangerosité avait été établie dans les années 80. Ce n'est, en effet, qu'en 2007 que le produit a été interdit en France.

L'avocat a également reproché des négligences à l'industriel. Il aurait selon lui manqué à son "obligation d'information", en ne détaillant pas la composition de son produit et en ne spécifiant pas les risque liés à son inhalation et l'obligation de porter un masque.

Pas de témoin de l'accident

Monsanto s'était défendu en rappelant qu'aucun témoin n'avait assisté à l'accident, mettant ainsi en doute la réalité même de l'inhalation du produit par l'agriculteur. Autre argument de défense du géant de l'agrochimie : le monochlorobenzène aurait été rapidement éliminé par l'organisme et les problèmes de santé apparus chez l'agriculteur n'auraient donc pas été, selon lui, à mettre en relation avec son inhalation accidentelle du produit.

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