Sleeve gastrectomie, la moins connue des chirurgies de l'obésité

La chirurgie de l'obésité connaît ces dernières années un essor important en France. Ces opérations sont efficaces mais pas anodines, avec des contraintes importantes, et un suivi impératif.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce que la chirurgie de l'obésité ?

Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent la chirurgie de l'obésité
Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent la chirurgie de l'obésité

D'un point de vue médical, l'obésité correspond à un excès de masse grasse altérant la santé. On peut évaluer cet excès, en calculant l'indice de masse corporelle : l'IMC. Entre 19 et 25, votre IMC est normal. Au dessus de 25, on parle de surpoids, à partir de 30, d'obésité et au delà de 35, d'obésité sévère et au-delà de 40 d'obésité morbide.

On parle d'environnement "obésogène" pour décrire un milieu de vie propice à l'obésité : aliments trop riches, trop gras et trop salés facilement accessibles ; mode de vie sédentaire et stressant ; milieu de vie peu propice aux transports actifs (vélo, marche). Les individus n'étant pas égaux sur le plan génétique, certains ont plus de risque de devenir obèses si l'environnement est propice.

Elle diminue l'espérance de vie et la qualité de vie. En effet, elle augmente les risques de développer un diabète, des maladies cardiovasculaires, ou encore des apnées du sommeil. Avec la sédentarité qui s'installe, les répercussions sont aussi psychologiques, avec une tendance à la dépression

Si on n'a pas réussi à maigrir autrement, par une prise en charge diététique et psychologique et une activité physique, le recours à la chirurgie peut être envisagé en cas d'IMC supérieur à 40, ou à 35 si l'obésité est associée à une affection susceptible d'être améliorée par la réduction de poids (apnée du sommeil, maladies cardio-vasculaire, diabète de type 2, etc). L'intervention sera prise en charge la la sécurité sociale si elle répond à ces critères.

Les différentes techniques 

Différentes opérations chirurgicales existent et le choix se fait en accord avec le patient, en fonction de son profil. Les techniques de l'anneau et de la sleeve gastrectomie sont dites restrictives pures (elles réduisent la taille de l'estomac) et celle du byp-passe est restrictive et malabsorptive car elle provoque en plus une malabsorption.

L'anneau gastrique consiste à placer un anneau en silicone ajustable autour de la portion supérieure de l'estomac. Cela permet de le séparer en deux parties inégales. L'estomac fonctionne alors comme une sorte de sablier : les aliments remplissent d'abord le petit réservoir du haut, qui se vide plus ou moins lentement en fonction de l'ajustement de l'anneau. Une fois rempli, le petit réservoir supérieur se dilate, ce qui stimule les fibres nerveuses du nerf vague, ces derniers avertissent le centre de la satiété situé au niveau du cerveau. Résultat : la personne s'arrête de manger plus vite, elle est rassasiée par de plus petits repas. Les risques comportent  la perforation de l'estomac, ou plus tardivement le glissement de l'anneau ou le passage dans la cavité gastrique (des complications rares).

La technique du by-pass consiste également à réduire le volume de l'estomac, mais aussi à modifier le circuit alimentaire. Les aliments ne passent plus par l'estomac et la partie supérieure du tube digestif, ils vont directement dans la partie moyenne de l'intestin grêle, ce qui permet de réduire l'ingestion des aliments par l'organisme. Les sécrétions biliaires et pancréatiques rejoignent par la suite les aliments. Il y a un risque de fistule, de rétrécissement de la partie restante de l'estomac, d'ulcère. Il y a un risque également d'hypoglycémie, de dumping sténose, de carences nutritionnelles (compensées par une supplémentation e vitamines).

L'intervention de la sleeve gastrectomie consiste à retirer une grande partie de l'estomac et à réduire  la cavité gastrique (voir paragraphe 2).

Une quatrième technique a vu le jour, le B clamp. Cette pince est placée sur la longueur de l’estomac. Elle isole une partie de l‘estomac pour rétrécir sa taille (mais la pince permet aux aliments de passer éventuellement dans la partie séparée, cela évite une trop grande pression). Le dispositif est complètement réversible.

Toutes ces techniques sont lourdes et la décision doit se faire de façon pluri-disciplinaire, avec un nutritionniste, un chirurgien, un psychologue. Le suivi nutritionnel et psychologique se fera à vie.

Les critères pour être opéré

Pour être éligible à une opération, plusieurs critères entrent en lignent de compte :  
 
- un IMC supérieur ou égal à 40 ou à 35 avec une complication associée susceptible d'être améliorée par la chirurgie ;
- une limite d’âge entre 18 et 60 ans

L'accord est donné uniquement si le patient n'a aucun risque opératoire, ni aucune contre-indication psychologique. Une fois obtenu, le patient devra se rendre dans l’un des trente établissements conventionnés.Enfin, l'opération est prise en charge à hauteur de 70 %, tout comme le reste du suivi post-opératoire.  Selon votre mutuelle et vos garanties, le reste à charge peut être moins important voire intégralement remboursé. Une chirurgie bariatrique et son suivi ont un coût : 4 500 € en moyenne.

Sleeve gastrectomie, la réduction d'estomac

Parmi les différentes chirurgies de l'obésité, la moins connue est la sleeve gastrectomie.  A 2 ans, on attend une perte de 25 à 45% de l'excès de poids (source : HAS).

Sleeve veut dire manchon en anglais. Il s'agit donc de transformer l'estomac en manchon, en réduisant sa taille de quatre cinquièmes. Elle pourrait également agir en réduisant la sensation de grélhine, hormone de la faim, et permettrait une sensation de satiété plus rapide.

C'est une opération à quatre mains, sous cœlioscopie. Le chirurgien manipule les instruments et un interne pilote une caméra directionnelle.

Les principales complications de la chirurgie, outre l'hémorragie et l'infection inhérentes à toute opération chirurgicale, consistent en de possibles carences, un reflux gastro-oesophagien, une dilatation, un ulcère ou un rétrécissement de l'estomac restant, le lâchage de la ligne des agrafes ou une fistule.

Le suivi après une chirurgie

Chirurgie de l'obésité : un long suivi après l'opération
Chirurgie de l'obésité : un long suivi après l'opération  —  Le Mag de la Santé - France 5

Après une intervention chirurgicale sur l'appareil digestif, les patients ont besoin d'un suivi médical complet.

Contrôle des douleurs, bilans hépatiques et sanguins et surtout surveillance de l'alimentation, pour éviter en particulier les pertes d'appétit ou de manger trop rapidement. 

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