Accouchement sous X : qui sont-elles ?

L'Institut National d'Etudes Démographiques (INED) publie, mercredi 22 septembre 2011, une étude sur le profil des femmes qui accouchent sous X. Entre 1990 et 2000, le nombre d'accouchements sous X avait diminué de presque 50 %. Mais le nombre d'accouchements secrets aurait tendance à augmenter de nouveau depuis quelques années...

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entre 1990 et 2000, le nombre d'accouchements sous X avait diminué de presque 50 %. Une baisse due notamment à la prévention, mais aussi "au déclin de la stigmatisation des filles-mères, puis des mères célibataires, et à la légalisation de l'avortement", selon Véronique Villeneuve-Gokalp, démographe à l'INED. "Cependant, ajoute t-elle, pour des raisons encore inconnues, le nombre d'accouchements secrets augmente de nouveau : il est estimé à 680 en 2009, contre moins de 600 en 2000."

Alors que la France et l'Italie restent les deux seuls pays à maintenir l'anonymat des femmes souhaitant accoucher sous X, une affaire en janvier 2011 remettait en cause ce droit. Le 26 janvier 2011, la Cour d'appel d'Angers confiait la garde d'une petite fille née sous X à ses grands-parents biologiques. Une première qui a conduit le parlement à rédiger un rapport, proposant de remplacer l'accouchement sous X par un accouchement "protégé", dont la procédure consiste à recueillir systématiquement l'identité de la mère accouchant sous X et son dossier médical, permettant ainsi à l'enfant majeur d'accéder à ces informations.

Les données récoltées dans 83 départements par Véronique Villeneuve-Gokalp permettent de dresser un portrait de ces mères qui refusent de dévoiler leur identité. Des chiffres qui cassent parfois quelques clichés, puisque "contrairement à une représentation largement répandue, l'accouchement secret n'est pas pratiquée seulement par des femmes très jeunes : le tiers avait plus de 30 ans et 16 % au moins 35 ans."

Et pourtant, à l'image de la jeune héroïne du film d'Emmanuelle Millet, La Brindille, ces femmes ont une moyenne d'âge de 26 ans. Tout comme Sarah, âgée de 20 ans, 19 % des accouchements anonymes sont dus à des raisons économiques. Les futures mères se considèrent comme trop jeunes, et ne se voient pas assumer économiquement l'avenir de leur bébé. Juste avant les difficultés économiques, les liens avec le père sont la première raison qui poussent ces femmes à accoucher dans le secret : "Les femmes évoquent leur séparation (24 %) ou son refus de devenir père (7 %), ou bien elles le décrivent comme un homme violent, délinquant, en prison, toxicomane ou alcoolique (10 %)", précise Catherine Villeneuve-Gokalp.

Tout comme dans le film d'Emmanuelle Millet, la plupart n'ont découvert que très tard leur grossesse. Trop tard même, puisque dans huit cas sur dix, le délai légal de 12 semaines pour une IVG était dépassé. Près de la moitié de ces futures mamans se sont aperçu de leur grossesse au deuxième trimestre, 38 % s'en rendent compte au troisième, et 9 % sont arrivées à l'hôpital en ignorant qu'elles allaient accoucher.

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