Un octogénaire jugé pour l'assassinat de sa femme malade et dépendante

Un homme de 88 ans, jugé pour avoir tué son épouse en 2020 à Francueil (Indre-et-Loire) sur fond de maladie d'Alzheimer et de dépendance, a été condamné à huit ans de prison.

Muriel Kaiser avec AFP
Muriel Kaiser avec AFP
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Le procès se tient devant la cour d'assises d'Indre-et-Loire
Le procès se tient devant la cour d'assises d'Indre-et-Loire  —  Shutterstock

L'homme de 88 ans a reconnu les faits. En mai 2020, il a tué sa femme âgée de 84 ans en la frappant avec la crosse d'un fusil de chasse dans son lit. Son procès a débuté ce lundi 23 janvier, devant la cour d'assises d'Indre-et-Loire. Il a été jugé pour "homicide par conjoint". Mecredi 25 janvier, il a été condamné à huit ans de prison.

D'après des éléments de l'enquête, les deux octogénaires, sans enfant, vivaient ensemble depuis 1952. Selon les témoins entendus, ils étaient très amoureux et s'étaient installés en Touraine en 1987 après avoir passé leur vie professionnelle en région parisienne.

Le couple voulait-il "partir ensemble" ?

Le couple passionné de danse vivait une relation heureuse jusqu'à la dégradation brutale de la santé de l'épouse au début de l'année 2020. Après plusieurs séjours à l'hôpital, elle était devenue "très dépendante", selon le parquet. Son autopsie a montré qu'elle était atteinte de la maladie d'Alzheimer.  

Devant la détresse de son épouse et incapable d'assumer seul les soins, l'ancien vendeur de fruits et légumes a alors décidé de passer à l'acte. Il a justifié son geste par la volonté du couple de partir ensemble. Face aux enquêteurs, il a toutefois reconnu que la victime n'était plus en état de consentir au suicide en mai 2020. Il a aussi expliqué ne pas vouloir placer sa femme en maison de retraite spécialisée. 

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Faire évoluer la question de la fin de vie

En mai 2020, il avait d'abord tenté en vain de tuer sa femme et lui-même par intoxication au monoxyde de carbone. Le vieil homme avait ensuite recommencé avec des bouteilles de gaz. Après ses premières tentatives infructueuses, le mari a alors "utilisé une carabine à plomb qui s'est enrayée, avant de prendre un fusil de chasse et de frapper avec la crosse", avait précisé le procureur de la République de Tours Grégoire Dulin au moment des faits. 

L'homme dit avoir ensuite essayé de se pendre avec une corde dans son salon, sans y parvenir. Il avait alors contacté de la famille, qui a alerté les gendarmes. Le procès est prévu jusqu'à mercredi 25 janvier. L'octogénaire est en détention provisoire depuis les faits. Au-delà de l'affaire judiciaire, ce drame pose une nouvelle fois la question de la fin de vie

Actuellement, les malades en phase terminale et aux souffrances inapaisables peuvent bénéficier d'une "sédation profonde". En revanche, l'euthanasie et l'assistance au suicide sont interdites. Jusqu'au 19 mars 2023, 173 Français planchent sur le sujet dans le cadre de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Les conclusions serviront peut-être à faire évoluer la législation dans ce domaine.

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Quelles sont les lois sur la fin de vie ?  —  Le Mag de la Santé - France 5