Les généralistes au coeur de l'organisation des soins

Retournement de situation pour les généralistes. Alors que l'article 12 du projet de loi santé prévoyait d'octroyer tous les pouvoirs sanitaires aux Agences Régionales de Santé (ARS), au détriment des médecins de ville, le gouvernement propose désormais l'inverse… Bientôt ce sera aux praticiens libéraux de décider de la répartition territoriale de l'offre de soin. Un changement de cap qui devrait ravir les syndicats de généralistes, en colère contre la mesure d'origine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Vidéo : Entretien avec le Dr Claude Leicher, président du syndicat MG France, invité du Magazine de la santé le 8 avril 2015.
Vidéo : Entretien avec le Dr Claude Leicher, président du syndicat MG France, invité du Magazine de la santé le 8 avril 2015.

Les 50.000 professionnels de santé dans la rue le mois dernier ont peut-être gagné une bataille... La pression exercée par le syndicats de généralistes, notamment, aurait forcé Marisol Touraine à faire quelques concessions sur son très décrié projet de loi "pour la modernisation" de la santé. L'article 12 du texte, débattu ce mercredi 8 avril à l'Assemblée, est au cœur d'un retournement de situation imprévu... Intitulée "Faciliter au quotidien les parcours de santé", cette mesure prévoyait au départ de donner un pouvoir central aux Agences Régionales de Santé (ARS) pour organiser la répartition des offres de soin et réguler le flux de praticiens et de financements dans un territoire donné. Le but avancé par le ministère serait de réduire les inégalités territoriales et les désert médicaux. Une centralisation des pouvoirs déjà orchestrée depuis 2010 à la création des ARS.

La mesure a fait bondir les syndicats de généralistes et de médecins libéraux, dénonçant une "étatisation" de la médecine de ville. Mais, à la surprise de négociations, le gouvernement à décidé de faire machine arrière sur ce texte, inversant même les rôles… Dans la nouvelle version du projet, ce sera désormais aux praticiens des villes de décider et de planifier la santé sur leur territoire. Et à l'ARS d'appuyer leurs volontés. En clair, ce sera aux libéraux de décider vers qui le malade devra se tourner en cas d'urgence ou encore d'assurer le dialogue entre les différents spécialistes locaux (laboratoire d'analyse, radiologue, …).

Favoriser l'ambulatoire et la médecine de ville

Avec l'augmentation du nombre des malades chroniques et de seniors, l'accent est mis en priorité sur le développement du soin en ambulatoire, c'est à dire en dehors des hôpitaux. Pour les syndicats de généralistes, cette nouvelle mesure va dans ce sens, en privilégiant la médecine de ville libérale. "Si cela se confirme, cette loi peut devenir aussi importante et essentielle que la loi de 1958 qui allait fonder les hôpitaux universitaires", commente dans le journal Libération le Dr Claude Leichner, président de MG France, le plus important syndicat de médecins généralistes.

"Une équipe de soins primaires est un ensemble de professionnels de santé, constitué autour de médecins généralistes de premier recours, choisissant d’assurer leurs activités de soins de premier recours, sur la base d’un projet de santé qu’ils élaborent", explique le texte de loi. Si elle est adoptée, elle permettra aux professionnels de se regrouper en communauté pour décider de l'organisation locale.

Cela favorisera, par exemple, le rassemblement des spécialistes dans des maisons de santé, qui existent déjà dans beaucoup de villes. Le gouvernement prévoirait aussi de mettre en place des "maisons de santé universitaires", où les médecins hospitaliers (CHU) pourraient exercer en libéral. Reste à savoir si ces praticiens réussiront à travailler en groupe. Sinon, ce sera aux ARS de reprendre les rênes de la santé territoriale.