Urgences : une maman lesbienne empêchée d'accompagner son fils

Elle n’aurait pas pu assister à la consultation au motif qu’elle n’était pas "la vraie maman". La mère, non biologique, détient pourtant l’autorité parentale.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
Urgences : une maman lesbienne empêchée d'accompagner son fils

"J’ai 52 ans, et je n’avais jamais vécu ça." Natacha [1], mère d’un petit garçon de 3 ans, a toujours du mal à croire ce qui est arrivé à sa famille aux urgences du Centre hospitalier de Perpignan. Le 10 mars dernier, alors qu’elle et sa compagne attendent une consultation pour leur fils, on signifie à Natacha qu’elle ne peut pas rentrer dans la pièce. Le motif ? Elle n’est, selon les infirmiers, "pas la vraie maman". Natacha, qui n’est pas la mère biologique de l’enfant, détient pourtant l’autorité parentale depuis 2016, ce qu’elle avait préalablement prouvé aux infirmières ayant pris en charge le dossier de son fils. "Quand la mère biologique s’est levée avec le petit, les deux infirmiers qui se tenaient entre les portes battantes se sont empressés de fermer la porte derrière elle" ajoute son avocate, Me Aude Denarnaud.

"Tu m’aimes, maman C ? T’es pas venue…"

Les deux femmes vont désormais saisir le tribunal administratif. "C’est la première fois que je porte plainte", affirme Natacha, toujours sous le choc. La mère de famille comprend d’autant moins la situation, qu’elle affirme avoir toujours été bien reçue aux urgences de Perpignan ou de Béziers. Elle le répète d’ailleurs : ce qui compte, ce n’est pas son ressenti, mais celui de son enfant, qui ne comprend pas pourquoi sa mère n’a pas été présente à ses côtés quand il était malade. "Tu m’aimes, maman N ? T’es pas venue…" lui fait-il remarquer de temps en temps.

Si le couple n’est pas en mesure, à l’heure actuelle, de certifier que l’attitude du personnel soignant relève de la discrimination lesbophobe, Natacha affirme que celui-ci a grandement manqué d’humanité. Pour Me Aude Denarnaud par ailleurs, la violation du Code de la Santé publique, ainsi que de plusieurs conventions des droits de l’enfant, ne fait aucun doute. Contactée, la communication du Centre hospitalier n’a pas souhaité faire de commentaire, indiquant qu’une enquête interne était en cours "pour vérifier les faits évoqués par le couple".


[1] Le prénom a été modifié.