Pourquoi la téléconsultation peine à se généraliser ?

La ministre de la Santé mise, entre autres, sur la téléconsultation pour lutter contre les déserts médicaux. Mais malgré leur remboursement depuis le mois de septembre dernier, le nombre des téléconsultations ne décolle pas.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

Le Docteur Msika-Razon est médecin généraliste à Paris. Elle s’est équipée pour faire bénéficier ces patients de la téléconsultation. Aujourd’hui, de l’autre côté de l’écran, une de ses plus anciennes patientes.  Depuis quelques mois, Florence a pris l’habitude de consulter par vidéo lorsque ses crises de migraines deviennent trop douloureuses. 

La téléconsultation remboursée sous condition

« C’est super, je n’ai pas à me déplacer, j’ai un gain de temps, donc d’énergie donc je peux bosser, m’occuper de mes enfants… Ca ne remplace pas une consultation physique mais ça rend service, franchement, ça rend service, mais il faut avoir confiance » explique Florence Lassaux.

Pour garantir cette confiance, l’Assurance maladie a imposé des règles strictes. La téléconsultation n’est prise en charge que si elle est faite avec votre médecin traitant ou un praticien que vous avez consulté dans son cabinet au moins une fois au cours des 12 derniers mois. 

Une consultation réservée aux pathologies bénignes 

Cette nouvelle façon de soigner particulièrement adaptée aux pathologies bénignes selon le Dr Mika-Razon. « Il y a un grand nombre de motifs de consultation en médecine générale où à l’aide de trois quatre questions, on va avoir un diagnostic de quasi certitude. 

C’est vrai qu’une cystite chez la femme jeune c’est assez facile à diagnostiquer, les femmes elles en ont souvent déjà eu, donc déjà elles connaissent les symptômes… La consultation se termine par une ordonnance, envoyée au patient via une connexion sécurisée. Le tarif est le même que pour une consultation classique 

Réduire les délais d’attente et gagner en flexibilité

Pour réduire ses délais d’attente, le Dr Adeline Vautherot-Chomiak, une jeune généraliste des Yvelines, envisage par exemple de programmer des téléconsultations pendant sa pause déjeuner. Elle a décidé de s’équiper pour pouvoir faire de la télémédecine mais elle doit aussi se former à l’utilisation d’une plateforme dédiée grâce à des consultants. 

Un effort qu’elle est prête à fournir pour  acquérir une flexibilité pour ses patients et puis à terme aussi pour elle. « Je vais acquérir de la flexibilité sur mon emploi du temps personnel et professionnel tout en offrant quand même un certain nombre de plages de consultations disponibles par jour parce que c’est un grand enjeu en ce moment vu la pénurie de généralistes libéraux et la demande de soins des patients ».  

La téléconsultation peine à séduire 

Plus flexibles, plus rapides… les téléconsultations ont pourtant encore du mal à séduire. Moins de 8.000 actes ont été remboursés par la Sécurité sociale depuis septembre dernier. A ce rythme, difficile d’atteindre l’objectif officiel… fixé à 500.000 téléconsultations d’ici fin 2019. 

Selon le Dr Jean-Paul Ortiz Président Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), il est normal que la téléconsultation commence lentement en France parce que les Français ne la connaissent pas bien et les médecins pas beaucoup mieux. Pour lui, la solution c’est de se former non seulement aux outils qu’on ne connaît pas bien mais aussi à la technique de téléconsultation.

«  La formation médicale continue est en train de se développer partout pour la téléconsultation mais ça prend un peu de temps et les médecins sont en train de s’y mettre avec une appétence variable souvent en fonction de l’âge qu’ils ont et c’est bien normal » 

La télémédecine n’a pas pour vocation de remplacer les consultations classiques. Lorsqu’un patient consulte par vidéo, le médecin peut lui demander de venir au cabinet s’il juge indispensable de l’examiner ou le diriger vers les urgences.