Maternité de Bernay : fermeture prévue le 11 mars

Les opposants maintiennent leurs actions en justice contre cette fermeture, et ont assigné Agnès Buzyn devant la justice civile pour dénigrement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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La HAS a conclu que la maternité de Bernay ne répondait pas aux exigences de sécurité
La HAS a conclu que la maternité de Bernay ne répondait pas aux exigences de sécurité  —  ©Fotolia

Malgré l’opposition des habitants, de l'obstétricien titulaire, des syndicats et des politiques locaux, la maternité de Bernay, dans l’Eure, fermera bien le 11 mars, a déclaré l'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie à l’AFP le 19 février. Le gouvernement avait décidé de la transformer en centre périnatal de proximité, une structure qui assure uniquement des suivis de grossesse. Une décision qu’a réaffirmée Agnès Buzyn le 18 février lors d’une réunion dans les locaux de la maternité. "Ce n’est pas une fermeture. Il n’y aura plus l’acte d’accouchement, mais il y aura tout le suivi de grossesse qui sera de très grande qualité", a-t-elle souligné.

L'audience de référé visant à suspendre la fermeture prévue avant le 11 mars

Mais les opposants maintiennent leurs actions en justice contre cette fermeture, selon leur avocat. "Ça ne change rien, les procédures en justice vont suivre leur cours normal. Je pense que l'audience de référé visant à faire suspendre la fermeture se tiendra avant la date du 11 mars" à Rouen, a réagi Pierre Jalet, l'avocat des opposants à la fermeture de la maternité. Les mêmes opposants ont par ailleurs assigné la ministre de la Santé devant la justice civile pour dénigrement.

La Haute autorité de santé (HAS) a conclu en 2017 que la maternité de Bernay ne répondait pas aux exigences de sécurité. "Nous prenons cette décision parce qu'aujourd'hui, la liste de gardes est insuffisamment robuste. Elle ne repose que sur un seul professionnel et des intérimaires", a déclaré Agnès Buzyn le 18 février.

A Bernay, la colère gronde

Le 18 février, environ 120 manifestants – dont des membres du collectif contre la fermeture de la maternité et des gilets jaunes – se sont réunis devant l’établissement pour accueillir la ministre de la Santé aux cris de "Buzyn, baratin", "Buzyn, assassin".

Pour les habitants de Bernay en effet, la décision de stopper les actes d’accouchement ne passe pas : les maternités les plus proches sont situées à Evreux et Lisieux, à respectivement 50 et 30 minutes de route. "Il n'y a pas toujours de moyens de locomotion pour les patients. C’est une population précaire et il y a un vrai besoin de proximité", déplorait en juin dernier le Dr Ibrahim Makkhé au Magazine de la Santé. "Si la maternité ferme, il va y avoir un effet domino, on va se retrouver sans bloc opératoire, sans chirurgie, sans cardiologie, avec seulement des maisons de retraite", ajoutait Eric Planque, secrétaire du syndicat Force ouvrière (FO).

La maternité de Bernay a effectué 312 accouchements en 2018, contre un peu moins de 400 en 2017. L'hôpital de Bernay, ville de 10.400 habitants, compte 590 emplois équivalents temps plein. Bernay est loin d’être un cas isolé : on estime qu’en 40 ans, près de deux tiers des petites maternités ont fermé leurs portes. D’autres sont encore en sursis. Selon la Cour des Comptes, 35 maternités réaliseraient entre 300 et 500 accouchements par an.