Homéopathie : première étape du déremboursement le 1er janvier

Les produits homéopathiques pris en charge par la Sécurité Sociale ne le seront plus qu’à hauteur de 15% à compter de mercredi, contre 30% jusqu’alors. Il s’agit de la première étape du déremboursement complet de ces produits, prévu pour 2021.  

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Homéopathie : première étape du déremboursement le 1er janvier

Dès mercredi, les petits granules blancs vendus en pharmacie ne seront plus remboursés qu’à 15% par la Sécurité Sociale – au lieu de 30% auparavant. Cette mesure est la première du plan de déremboursement progressif de l’homéopathie adopté par le gouvernement en juillet dernier. Celui-ci s’était rangé à un avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) jugeant que “l’efficacité” de l’homéopathie était “insuffisante pour être proposée au remboursement".  

La décision concerne environ 1200 produits qui étaient encore partiellement pris en charge. L’Oscillococcinum (supposé traiter les symptômes grippaux), par exemple, est déjà entièrement payé par les patients. 

"Aucune activité pharmacologique prouvée" 

“Comme tous les traitements classiques, l’homéopathie a un effet placebo ou nocebo, c’est admis, explique le Pr Alain Astier, pharmacien hospitalier. Mais d’un point de vue scientifique, aucune activité pharmacologique n’a été prouvée par la science.”  

Or, en 2018, l’Assurance Maladie a consacré 126,8 millions d’euros au remboursement de ces produits. Une dépense inconcevable pour le Pr Alain Astier : “Si on accepte de rembourser l’homéopathie, il faut alors accepter de rembourser la prière, car on est dans la même notion de croyance.” 

Même après le déremboursement complet, rien n’empêchera les médecins de continuer à en prescrire et les patients d’y recourir. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, espère que cette baisse progressive du remboursement permettra une “période transitoire” afin de “se laisser le temps de la pédagogie”.  

Le Conseil d’Etat saisi par les fabricants 

Mais la bataille entre le gouvernement et les acteurs du secteur n’est pas encore terminée. Boiron et Lehning, deux des principaux laboratoires spécialistes de l’homéopathie, ont annoncé le 22 octobre avoir déposé un recours devant le Conseil d’Etat afin de faire annuler les décrets relatifs à l’arrêt du remboursement de l'homéopathie.  

"Ces recours portent à la fois sur les irrégularités qui ont entaché la procédure d'évaluation de l'homéopathie par la commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé et sur le caractère mal-fondé de ces décrets", ont indiqué les deux laboratoires dans un communiqué. 

Avec le déremboursement, ces laboratoires risquent d’augmenter leurs prix de vente pour compenser d’éventuelles pertes. Dans la majorité des cas, le prix fixé par l’industriel augmente de 39% après un déremboursement, selon les études de la DREES.