Personnes handicapées : vers la fin de l'exil en Belgique ?

Faute de places en France, il y aurait plus de 6.500 enfants et adultes handicapés partis en Belgique pour y être pris en charge. La secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, vient d’annoncer que l'Assurance-maladie ne financerait plus les nouveaux départs. La réaction de Thierry Nouvel, directeur général de l'UNAPEI, fédération d'associations défendant les intérêts des personnes handicapées mentales.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec Thierry Nouvel, directeur général de l'UNAPEI
Entretien avec Thierry Nouvel, directeur général de l'UNAPEI
  • La sécurité sociale consacre 82 millions d’euros par an aux personnes handicapées exilées en Belgique. Vous avez fait pression auprès du gouvernement pour obtenir l'arrêt de ces financements. Pour quelle raison ? 

Thierry Nouvel : "La seule solution, proposée actuellement à certaines personnes handicapées et leur famille, est de partir en Belgique. Quand on est à quelques kilomètres de la frontière, ça peut avoir du sens. Mais pas quand on est à 500 kilomètres. Et surtout, ce sont nos impôts qui financent cela !

"Il ne s'agit pas que de financement par l'Assurance-maladie, mais aussi par les départements. Il est donc inadmissible que nous continuions à voir ce genre de solutions se développer hors de nos frontières, qui plus est, financées par la France."

  • Mais arrêter ce financement ne va-t-il pas poser des problèmes à certaines familles, puisqu'il n'y a pour l'instant pas de solutions en France, pas d'alternatives à leur proposer ?

Thierry Nouvel : "Ce que l'on demande, c'est que cette politique s'arrête bien sûr, mais aussi, en parallèle, que des solutions et des structures soient créées à proximité de là où vivent les personnes concernées. Cette annonce de Madame Neuville ne nous suffit pas. Nous avons fait un recensement dans notre réseau : actuellement 47.000 personnes attendent une place. Il faut arrêter le flux vers la Belgique, mais impérativement, en parallèle, créer en France de nouvelles structures."

  • Sauf que pour l'instant ce n'est pas fait…

Thierry Nouvel : "Le gouvernement a annoncé qu’il débloquerait 15 millions d’euros pour 2016, cela représente seulement 300 places. Et après, qu'est-ce qu'on fait ? Nous demandons aux parlementaires de voter un certain nombre d'amendements et de créer des structures adaptées à proximité de là où vivent les familles."

  • Que va-t-il se passer pour les personnes déjà installées en Belgique ?

Thierry Nouvel : "Les personnes qui sont installées en Belgique depuis des années, voire des décennies, doivent y rester. Il est hors de question de les rapatrier, car beaucoup n'ont plus d'attaches en France. Pour ces personnes, les financements vont subsister.

"Ce que l’on souhaite, c'est que les pouvoirs publics interdisent les nouveaux départs. Au Parlement d'en décider : il y a des amendements qui vont être débattus, notamment dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Mais l'on demande aussi aux citoyens français de nous soutenir, par le biais d'une pétition que nous avons mise en ligne. Parce qu'il s'agit là d'un débat de société qui nous concerne tous.

Signer la pétition : Stop à l'exil et à l'exclusion des personnes handicapees