Jeunes aidants : une adolescence pas comme les autres

A 16 ans, Martin doit s'occuper de son père traumatisé crânien. Comme lui, 300.000 enfants et adolescents de moins de 25 ans seraient en "situation d'aidant" en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Être adolescent et aidant : un double rôle compliqué à gérer au quotidien
Être adolescent et aidant : un double rôle compliqué à gérer au quotidien

Quand un parent est malade, son ou ses enfant(s) peuvent devenir aidant(s). Aller faire les courses, acheter les médicaments, soutenir son proche... sont autant de responsabilités qui peuvent être confiées à des enfants. Selon l'association JADE, il y aurait 300.000 enfants et adolescents de moins de 25 ans en situation d'aidant en France. 

Martin a 16 ans. Depuis cinq ans, il s'occupe de son père, Yves, victime d'un traumatisme crânien qui lui a laissé de lourdes séquelles : "Mon père est un peu devenu un gosse. Je suis là pour le surveiller car on ne peut pas le laisser tout seul, il est totalement dépendant", confie Martin.

Rôles inversés

Du jour au lendemain, la vie de cette famille est bouleversée. Emmanuelle, la mère, devient aidante à temps plein et Martin, à peine sortie de l'enfance, doit gérer des responsabilités bien lourdes pour son âge : "Être aidant, c'est faire des gestes auxquels on n'est pas préparés à 12, 13, 14 ans comme accompagner son père aux toilettes, attacher la ceinture de sécurité de son père à l'arrière d'une voiture... C'est perdre la place qui est la sienne dans sa famille, d'enfant, et se trouver dans une situation où les rôles sont inversés", explique Emmanuelle.

Cinq ans après son accident, le père de Martin est un peu plus autonome. Pourtant, le jeune homme ne relâche jamais son attention : "Il a évolué avec beaucoup de gravité, il n'a pas l'insouciance d'un gamin de son âge et il ne peut peut-être même pas se payer le luxe de la revendication de la colère adolescente", confie sa mère.

"Je ne peux pas abandonner mes parents"

Pas vraiment adolescent, ni tout à fait adulte, Martin a du mal à se projeter dans l'avenir : "Je m'imagine bien tout ce qui est coloc entre amis pour les études dans le supérieur. Mais quand je me dis ça, je me demande aussi ce que je fais de mes parents. Je ne peux pas les abandonner comme ça. Déjà que c'est dur avec moi, alors sans moi il manquera quelque chose".

Pour Martin qui est en Première, le bac approche. La fatigue et la pression sont récemment devenues trop fortes. Il a donc demandé à son lycée d'aménager ses horaires pour avoir plus de temps pour lui.