Comment sont contrôlés les produits anesthésiants ?

À Besançon, un médecin anesthésiste de 45 ans a été mis en examen hier. Il est soupçonné d'avoir sciemment empoisonné sept patients. Deux d’entre eux sont décédés. Cette affaire pose la question de la sécurité des produits anesthésiants. Qui prépare les poches de produits ? Comment sont-elles contrôlées ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Dans une salle d'opération, les médicaments sont en général acheminés sur un chariot autour duquel gravitent librement médecins, infirmiers, aides-soignants et internes. Les produits anesthésiants sont le plus souvent injectés par le biais d'une poche de perfusion. Il existe trois classes de médicaments pour une anesthésie. Les hypnotiques endorment, les curares relâchent les muscles et les morphiniques soulagent la douleur.

Des morphiniques stockés dans des armoires sous clé

Seuls ces derniers font l'objet d'un traitement ultra-sécurisé explique le Dr Patrice Desruelle, anesthésiste. "Ces produits sont donnés de façon sécurisée normalement avec un transport sous clé, stockés sous clé dans une armoire dans un coffre-fort. Ce n'est pas tant pour la sécurité du patient que pour éviter un trafic de substances illicites, de drogues. Il faut un contrôle. Il y a eu des cas de détournement par du personnel médical".

Les hypnotiques et les curares effectuent eux un chemin classique. D'abord préparés par le pharmacien de l'hôpital, ils sont ensuite acheminés jusqu'en service de chirurgie. Le jour de l'opération, ils sont véhiculés sur un chariot et transférés au bloc opératoire. Le médecin ainsi que l'infirmier anesthésiste sont les seuls à pouvoir procéder à l'injection des produits anesthésiants. À eux de vérifier qu'il s'agit du bon produit, de contrôler sa dose et son débit et de le noter sur une feuille de surveillance.

Des règles de sécurité pour éviter les erreurs médicales

Si elles sont bien appliquées, ces règles de sécurité sont efficaces pour lutter contre les erreurs médicales mais pas pour les comportements criminels, d'une extrême rareté. Selon le Dr Patrice Desruelle, "on touche à l'impossibilité de contrôle individuel. Le médecin peut utiliser un produit dangereux pour le patient. Volontairement. On peut faire le parallèle avec le pilote de la Germanwings qui a envoyé son avion dans la montagne. Peut-on détecter un comportement dangereux pour le patient ? Je ne sais pas".

Chaque année en France, plus de dix millions de patients sont anesthésiés. La pratique est de plus en plus sûre : le taux de mortalité est de moins d'un décès sur 100.000, le plus souvent dû à une allergie au curare.