Anesthésie générale : mieux comprendre pour ne pas en avoir peur

En 30 ans, le nombre d'anesthésies a été multiplié par deux, tandis que les complications étaient divisées par dix avec un seul décès toutes les 145 000 anesthésies, dont la cause principale reste à 60% l'allergie au curare. L'anesthésie est devenue aujourd'hui une pratique très sûre, pour laquelle tous les risques sont contrôlés et écartés.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent l'anesthésie
Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent l'anesthésie

Peur de ne pas se réveiller ou de se réveiller pendant l'intervention, peur de rester paralysé ou encore de perdre ses facultés intellectuelles ou sa mémoire, l'anesthésie reste un moment inquiétant pour beaucoup de patients. Pourtant en 30 ans, le nombre de complications a été divisé par 10.

Qu'est-ce que l'anesthésie ?

Une bonne anesthésie est une anesthésie qui bloque la douleur, relâche les muscles pour empêcher tout mouvement musculaire durant l'intervention. Quand il s'agit d'une anesthésie générale, elle doit aussi provoquer une perte de conscience tout en permettant un réveil progressif. 

Ces trois actions sont possibles grâce à un savant mélange de produits en fonction du type d'anesthésie. Quand il s'agit d'une anesthésie locale, on utilise des analgésiques qui vont agir au niveau des terminaisons nerveuses pour bloquer le message de la douleur le long du trajet nerveux. La zone cible devient alors insensible.

En cas d'anesthésie locorégionale, l'interruption est induite dès l'émergence des nerfs au niveau de la moelle épinière. Toute une région comme celle des membres inférieurs peut alors être privée temporairement de sensibilité.

Dans le cas d'une anesthésie générale, l'analgésique doit agir au niveau cérébral, les morphiniques (ou opiacées) sont généralement utilisés contre la douleur. On y associe des curares pour permettre le relâchement musculaire préalable indispensable au geste chirurgical.

La particularité de l'anesthésie générale, c'est la perte de conscience induite par les médicaments hypnotiques, comme le thiopental. Une fois le patient endormi, le cerveau est comme coupé du reste du corps. On doit alors surveiller le bon fonctionnement des différentes fonctions, comme la ventilation, le taux d'oxygène, le rythme et cardiaque, la pression sanguine. Et bien sûr le réveil de la personne car les accidents peuvent survenir juste après le réveil.

Anesthésie : la consultation pré-opératoire

Avant une intervention chirurgicale, les patients rencontrent un anesthésiste. Inventaires des traitements, antécédents médicaux et familiaux... la consultation pré-opératoire commence par un interrogatoire. 

"Nous allons rechercher des allergies, des antécédents cardiaques ou respiratoires auxquels le patient ne pense pas forcément au quotidien mais qui peuvent avoir pour nous des répercussions importantes et qui doivent nous faire moduler notre anesthésie pendant l'intervention. On sera amené à moduler à la fois les produits qui seront utilisés pour l'anesthésie et à la fois le degré de surveillance et le monitorage mis en place", explique le Dr Karl Aïdan, anesthésiste-réanimateur.

La deuxième étape de la consultation correspond à l'auscultation cardiaque et à l'auscultation pulmonaire. L'anesthésiste vérifie ensuite le capital veineux. C'est ce qu'on appelle le test d'Allen. Son but est de vérifier la bonne vascularisation de la main au cas où il serait nécessaire lors de l'intervention de poser un cathéter dans l'une des artères.

L'anesthésiste doit également vérifier si l'installation de la sonde d'intubation peut se faire facilement. Pour ce faire, l'anesthésiste contrôle différents critères comme la mobilité du cou, l'ouverture de bouche... Ces éléments cliniques vont permettre à l'anesthésiste de préparer à l'avance le matériel nécessaire à l'intubation.

À l'issue de la consultation pré-opératoire et avant de quitter l'hôpital, le patient procède à une prise de sang et à un électrocardiogramme. En fonction des résultats, l'intervention peut être programmée.

Anesthésie : la gestion des risques

Même si aujourd'hui les complications graves suite à une anesthésie sont devenues assez rares, les risques subsistent.

Les produits anesthésiants ne sont pas sans effets secondaires et ils peuvent provoquer des réactions dangereuses pour le patient. C'est le rôle des anesthésistes de sécuriser les procédures et d'organiser un suivi précis durant toute l'intervention.

À quoi sert la consultation pré-opératoire ?

Il est essentiel de réaliser une consultation trois jours avant l'anesthésie pour vérifier les allergies des patients. Aucun test d'allergie au curare n'est pratiqué aujourd'hui car ces tests donnent de très mauvais résultats. L'allergie au curare peut provoquer de l'hypertension, un œdème de Quincke ou de la tachycardie. La consultation pré-opératoire permet également de définir le type d'anesthésie, de vérifier comment se présente l'accès aux voies aériennes, comment accéder à la trachée pour l'anesthésie générale avec curare, les comorbidités, c'est-à-dire les autres pathologies, avec les effets des médicaments déjà administrés...

L'anesthésiste contrôle également les examens supplémentaires pour vérifier l'état de certains organes. Enfin la consultation pré-opératoire a pour objectif d'informer le patient sur l'anesthésie et les problèmes post-opératoires, sur les risques...

Quelle surveillance pendant l'intervention ?

Selon la loi, les patients doivent être surveillés en permanence durant l'opération par un personnel compétent, c'est-à-dire un médecin anesthésiste ou un infirmier anesthésiste formé avec un diplôme d'État, IADE.

Le risque principal lors d'une anesthésie est le risque d'allergies qui peuvent se déclencher durant l'opération, provoquées par l'injection des produits anesthésiants. Les anesthésistes sont donc particulièrement attentifs dans les minutes qui suivent l'administration de ces produits afin de réagir rapidement et d'avoir une réaction adaptée à la survenue de ce risque. On estime le risque de décès à 1 pour 145 000 anesthésies, d'après Santé publique France.

Pour éviter les douleurs post-opératoires, des anesthésies locorégionales peuvent aussi être réalisées. Dans ce cas, l'anesthésiste doit aussi être prudent. Le risque principal est le passage d'anesthésique local dans la circulation sanguine, ce qui peut entraîner des convulsions, des troubles du rythme cardiaque...

Anesthésie : la prise en charge des personnes âgées

Aujourd'hui 25 à 30% des patients anesthésiés ont plus de 65 ans. L'anesthésie de la personne âgée est donc devenue courante. Mais il faut malgré tout prendre des précautions pour gérer durant l'intervention les pathologies associées qui sont fréquentes à cet âge.

C'est l'âge physiologique, autrement dit du corps, et non l'âge "administratif" qui importe. L'état de santé avant l'opération est également un facteur très important.

Anesthésie : la réalité virtuelle pour apaiser les patients

Une équipe d'anesthésistes d'une clinique lyonnaise propose une prise en charge innovante pour leurs patients : un masque de réalité virtuelle.

Grâce à des images en trois dimensions et à 360 degrés, ils peuvent se détendre avant leur intervention chirurgicale. Plus surprenant encore, le masque est aussi utilisé pendant l'opération !

Une immersion dans une nature paisible, une voix envoûtante et hypnotisante... Les composantes des films proposés ont été spécifiquement conçues pour favoriser la détente des patients. Peu à peu, leur rythme cardiaque ralentit. Et la sérénité retrouvée permettrait, de manière surprenante, d'atténuer les douleurs au réveil et donc d'éviter une prise importante de morphine.

Avec moins de morphine administrée, les patients peuvent récupérer plus rapidement de leur opération. L'équipe souhaite à terme créer toute une bibliothèque de films adaptés à la durée des interventions, à l'âge et au goût de chaque patient.

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