Pénurie de carburant : priorité aux soignants ?

Face aux grèves dans les raffineries et à la pénurie d’essence, des organisations de professionnels de santé réclament une réquisition ou un accès prioritaire au carburant pour pouvoir continuer à travailler.

Mathieu Pourvendier avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Pénurie de carburant : priorité aux soignants ?
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Toujours pas d'essence à la pompe. Mardi 11 octobre, à l’appel de la CGT, les salariés mécontents ont reconduit la grève dans les raffineries de carburant d'Esso-ExxonMobil et de TotalEnergies. Mais comment continuer à travailler sans carburant quand la profession exige d'utiliser une voiture ? 

Prioriser ou réquisitionner : deux solutions à l'étude

Le syndicat Convergence Infirmière a demandé la mise en place d'"un accès prioritaire dans toutes les stations-services en tension pour les infirmiers libéraux et plus largement les professions de santé", sur présentation de la carte professionnelle. Les soignants libéraux, qui assurent le soin à domicile de leurs patients, ne peuvent en effet pas se passer de leur voiture et sont donc confrontés à des difficultés pour effectuer leurs tournées quotidiennes, faute d'essence à la pompe. 

La Fédération nationale des infirmiers (FNI) exige de son côté des "réquisitions". "Sans mesures d’urgence, la continuité des soins à domicile pour de nombreux français sera menacée, avec pour conséquence une hausse des hospitalisations", craint le syndicat.

Enfin, le Syndicat des médecins libéraux "appelle le Gouvernement à mobiliser le stock stratégique de carburants, afin de les réserver en priorité à l’ensemble des professionnels de santé devant se rendre sur les lieux de soins". L'objectif étant de ne pas "mettre en péril la continuité des soins et la santé des patients les plus fragiles". 

La grève amène des tensions

Lundi 10 octobre, un tiers des stations d'essence étaient affectées par la grève dans les raffineries de Total et Esso-ExxonMobil dont les salariés sont en grève depuis plusieurs semaines pour exiger des hausses de salaire.

Cette situation provoque de fortes tensions entre les usagers dans les stations-services. "Parfois le pompiste refuse de servir car les gens qui attendent sont très énervés", explique Daniel Guilherm, président de la FNI. L'attente parfois très longue provoque de l'impatience, de l'énervement et de l'agacement. 

Une présence policière serait "la bienvenue"

Le syndicat ajoute qu'"au vu des altercations, parfois graves, qui se multiplient, Convergence Infirmière demande que des dispositions soient mises en œuvre pour que le plein d’essence soit fait dans des conditions sécurisées". En effet, cette priorisation pourrait créer des tensions entre les civils et les soignants. Leurs métiers étant déjà compliqués, les protéger leur permettrait d'aller travailler sereinement.  

Pour Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins France, aussi, "une présence policière pour assurer la sécurité du « coupe-file » serait bienvenue".

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