Toux, bronchites : comment les traiter ?

Dans les transports, au travail, dans la rue… en hiver, la toux se fait entendre un peu partout. Comment traiter ce symptôme gênant ? Comment différencier une toux grasse d'une toux sèche ? Que penser des sirops ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent le mécanisme de la toux
Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent le mécanisme de la toux

La toux peut être le signe de pathologies comme la bronchite ou certaines infections pulmonaires. Quand la toux s'installe et dure plus de huit semaines, on parle de toux chronique. Elle représente d'ailleurs 5 à 6% des consultations chez le médecin généraliste et 10 à 30% des consultations chez le pneumologue.

Pourquoi tousse-t-on ?

L'air entre par le nez, la bouche, la trachée puis les bronches. Ces conduits se ramifient dans chaque poumon en petites bronchioles. L'air circule dans ces voies jusqu'aux alvéoles. Il s'agit de petits sacs regroupés en grappes. C'est à cet endroit que se font les échanges gazeux entre l'air inspiré et la circulation sanguine.

La muqueuse des voies respiratoires est tapissée d'une couche de cellules ciliées. Les cils ont un mouvement de battements rythmés pour évacuer vers le haut des voies respiratoires, les particules indésirables. Ces particules peuvent aussi être captées par du mucus présent sur les cils et produit par des glandes enfouies dans la muqueuse.

Quand il y a trop de particules, des récepteurs sensitifs présents au niveau du larynx, de la trachée et des bronches sont stimulés. Ils déclenchent alors le mécanisme de la toux pour éliminer ces particules. Juste avant de tousser, le diaphragme se contracte brièvement, la glotte s'ouvre et l'air est expulsé avec une vitesse de 250 mètres par seconde.

Avec les bactéries et les virus, ça se complique un peu. Le mucus intercepte le virus, mais la muqueuse des bronches devient le siège d'une inflammation. La paroi enfle et devient rouge. En réaction, la muqueuse produit encore plus de mucus, ce qui génère les crachats. Surviennent alors les quintes de toux pour libérer les bronches.

Sirop contre la toux : faites le bon choix !

Antitussifs ou fluidifiants, pas toujours facile de s'y retrouver parmi les nombreux sirops en vente libre pour calmer la toux
Antitussifs ou fluidifiants, pas toujours facile de s'y retrouver parmi les nombreux sirops en vente libre pour calmer la toux

Qu'elle soit sèche ou grasse, la toux peut rapidement devenir un symptôme très gênant. Pour soulager l'irritation, le premier réflexe est de prendre du sirop. Mais il n'est pas toujours facile de s'y retrouver parmi les nombreux médicaments proposés dans cette gamme.

  • Les antitussifs

Si la toux est sèche, il existe une famille de sirops spécifique : les antitussifs. "Les sirops ont tous le même objectif qui est de couper la toux. Mais ils appartiennent à différentes familles de médicaments. Les plus connus sont les dérivés codéinés avec le chef de file qui est le dextrométhorphane. Il est réservé à l'adulte de plus de 15 ans et il présente des effets secondaires comme une baisse de la vigilance. Ce sirop est plutôt préconisé le soir. On trouve aussi des sirops qui sont des antihistaminiques H1. Ils présentent moins d'effets secondaires", explique Catherine Debelmas, pharmacienne. Mais attention, ces sirops antitussifs sont déconseillés aux personnes asthmatiques ou souffrant d'insuffisance respiratoire.

  • Les fluidifiants

Pour les toux grasses, il existe une autre famille de sirops : les fluidifiants bronchiques. "Parmi les molécules existantes, on va trouver la N-acétyl-cystéine, la carbocistéine et l'ambroxol. Ces sirops vont favoriser l'expectoration (…) en cas de toux grasse, il faut tousser et cracher parce que l'objectif est d'éliminer les mucosités", précise Catherine Debelmas. Tous ces sirops sont interdits aux enfants de moins de 2 ans.

  • La phytothérapie

Enfin, pour les toux grasses ou sèches, il existe une troisième catégorie de sirops issus de la phytothérapie. À base de plantes, cette gamme s'est largement développée ces dernières années comme le souligne Catherine Debelmas : "On retrouve des sirops à base de thym, de grindélia qui sont des plantes expectorantes et antiseptiques".
Il existe aussi des sirops homéopathiques, mais comme tous les produits homéopathiques, leur efficacité n'a jamais été prouvée scientifiquement.

Attention par ailleurs aux huiles essentielles présentes dans certains sirops. Ils peuvent être déconseillés aux femme enceintes ou allaitantes et aux personnes asthmatiques. "Le sirop pour la toux est un accompagnement, tient à ajouter Catherine Debelmas, ce n'est pas un médicament qui va soigner la toux, c'est un médicament qui va aider à supporter le symptôme". Enfin, si les sirops sont inefficaces et que la toux perdure plus de sept jours, la seule solution reste de consulter son médecin.

Bronchites : quand l'hospitalisation s'impose

Chaque hiver, les cas de bronchite aiguë sont nombreux dans les services de gériatrie
Chaque hiver, les cas de bronchite aiguë sont nombreux dans les services de gériatrie

Les personnes âgées peuvent présenter des complications lors de bronchites aiguës. Une hospitalisation est parfois nécessaire quand la bronchite s'installe et dure plusieurs semaines.

Pour aider les patients à mieux respirer, les médecins peuvent utiliser un aérosol dans lequel se trouvent des bronchodilatateurs. L'objectif de ce traitement est de dilater les bronches pour éliminer le mucus qui s'y trouve. Pour compléter ce soin et désencombrer au maximum les bronches, le patient doit aussi suivre des séances de kinésithérapie respiratoire. Le but de cette kinésithérapie est de décoller le mucus des bronches et de l'évacuer via la toux pour dégager les voies aériennes.

Les hospitalisations pour bronchite aiguë sont nécessaires pour les personnes âgées car les risques de complications sont importants : "Quand il y a des symptômes inquiétants au niveau respiratoire ou cardiaque, ou chez les personnes très fatiguées, très fragiles, il faut les surveiller pendant quelques jours parce que cela peut déboucher sur des broncho-pneumopathies, des décompensations cardiaques, des décompensations du diabète et d'autres complications qu'il faut surveiller dans un contexte hospitalier. Mais cette hospitalisation doit être la plus courte possible pour éviter les complications" , explique le Dr Arach Madjlessi, gériatre. En France, chaque année, près de dix millions de bronchites aiguës sont diagnostiquées.