Covid : les "super-contaminateurs", principaux responsables de la pandémie ?

Les super-contaminateurs pourraient à eux seuls expliquer la majorité des flambées épidémiques de covid. Ces personnes infectées contaminent en effet plusieurs dizaines de personnes et des milliers de cas leur sont indirectement liés.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / blvdone

Un seul malade à l’origine de dizaines de contaminations ? Les "super-contaminateurs" sont-ils responsables à eux seuls de la propagation du coronavirus et de l'ampleur de la pandémie de covid-19 ? Selon plusieurs scientifiques, la progression de cette maladie est largement alimentée par de brusques flambées dont seulement quelques personnes infectées seraient à l'origine.

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90% des cas viennent de 10% des malades

Quand cela arrive, le virus se transmet "à 10, 20, 50 personnes voire plus", alors que dans la majorité des cas, la chaîne de contamination a au contraire tendance à s'interrompre rapidement, explique à l'AFP Benjamin Althouse, chercheur à l'Institut de modélisation des maladies à l'Université de Washington.

Il se pourrait même que 90% des cas de covid-19 viennent de seulement 10% des personnes infectées, estime-t-il. "C'est comme jeter des allumettes sur du petit bois : à la première puis à la deuxième, il ne se passe rien, mais soudain, à la troisième, le feu part et tout s'embrase", poursuit cet expert.

5.000 cas liés à une seule femme

"La super-contamination est une marque de fabrique des coronavirus", a également rappelé fin octobre sur Twitter une responsable de l'OMS, Maria Van Kerkhove.

Ces derniers mois, plusieurs exemples d'événements de super-contamination ont marqué les esprits. En février, une Sud-coréenne de 61 ans avait déclenché une vague de contaminations au sein de l'Eglise Shincheonji de Jésus.

Ce mouvement religieux a finalement été le principal vecteur de l’épidémie de coronavirus en Corée du Sud, avec plus de 5.000 cas qui lui étaient liés. De même, un congrès annuel organisé fin février par l'entreprise pharmaceutique américaine Biogen est suspecté d'avoir abouti à quelque 20.000 cas dans la région de Boston.

"La super-contamination prédomine"

Au-delà de ces exemples frappants, les auteurs d'une étude publiée en septembre dans le journal Science ont conclu que "la super-contamination prédomine" dans la transmission du coronavirus SARS-CoV-2.

Ces chercheurs américains ont analysé les données des quatre premiers mois de l'épidémie dans les États indiens du Tamil Nadu et de l'Andhra Pradesh. Résultat : 8% des personnes infectées étaient à l'origine de 60% des nouveaux cas, tandis que 71% des gens contaminés n'avaient passé le virus à aucun de leurs contacts.

Charge virale, mais surtout circonstances

Reste à savoir ce qui déclenche ces super-contaminations. Parmi les pistes envisagées, l'hypothèse d'une charge virale plus élevée pour les super-contaminateurs a été évoquée.

Mais au-delà des facteurs biologiques, la transmission du covid est étroitement liée aux circonstances : les lieux clos, mal ventilés, densément peuplés et où l'on parle, crie ou chante sont particulièrement propices aux contaminations.

C'est pourquoi Benjamin Althouse juge "trompeuse" l'appellation de "super-contaminateurs", puisque les circonstances comptent selon lui davantage que les différences biologiques : "Peut-être que j'ai un million de fois plus de virus que vous dans mon nez, mais si je suis isolé, je ne peux infecter personne".

D'où l'importance des masques, de la distanciation physique et de la réduction du nombre de gens qu'on côtoie. En effet, si chaque individu se limitait à dix contacts, "la transmission virale s'éteindrait doucement", assure à l'AFP Felix Wong, chercheur au Massachussets Institute of Technology (MIT), selon les modélisations qu'il a effectuées.