Coronavirus : les fumeurs sont-ils plus à risque ?

Une récente étude chinoise avait alerté sur le rôle du tabagisme dans les formes graves de la maladie. Les fumeurs sont-ils plus à risque que les non-fumeurs ? D'autres données indirectes confirment-elles ce risque ?

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Coronavirus : les fumeurs sont-ils plus à risque ?
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Le Comité national du tabagisme a publié un communiqué de presse exhortant les fumeurs et les vapoteurs d'arrêter de leur consommation. Le tabagisme est connu pour diminuer les défenses immunitaires, ce qui rendrait les fumeurs plus à risque d'être infectés par les germes. De plus, "les fumeurs ont tendance à porter plus souvent ses doigts à la bouche, porte d'entrée reconnue du Covid-19", estime le Comité national du tabagisme.

Faute d'études solides sur le covid19 et le tabagisme, cette mise en garde sur le tabagisme proviendrait d'une étude chinoise publiée fin février :

"En Chine, la grande étude publiée fin février montre des données assez étranges, estime le Pr Dautzenberg. Le nombre de fumeurs était extrêmement bas parmi les gens hospitalisés. Deux hypothèses sont possibles : soit c'est un mauvais recueil du tabagisme des patients, soit les fumeurs seraient moins infectés mais c'est une simple hypothèse, on n'en sait rien. Mais le fait de fumer augmentait de 50% le risque d'avoir une forme sévère et de 130% le risque d'avoir une forme gravissime, avec une intubation ou un décès."

Des fumeurs très sensibles à la grippe

De son côté, le Haut comité de la santé publique n'a pourtant pas inclus le tabagisme dans les facteurs de risque de formes graves, probablement du fait de l'absence d'études spécifiques sur l'impact du Covid19 chez les fumeurs.

"Les données entre tabac et coronavirus sont absentes, reconnaît le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue. Mais il y a des données indirectes, comme quelques très bonnes études sur la grippe ou le virus H1N1. Elles montraient toutes que les fumeurs avaient plus de risques d'être infectés par la grippe, d'avoir besoin de soins médicaux et de décéder. Pour l'instant, ce sont donc des extrapolations, issues des autres données sur les autres virus."

D'après le pneumologue et plusieurs communications, un autre lien entre virus et tabac existe : "on sait aussi que le virus SARS-COv2, se fixerait dans les bronches sur les récepteurs dit ACE de type 2 (NDLR : L'ACE II est l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2). Le tabac et la nicotine ont aussi un effet sur le système rénine-angiotensine-aldostérone et ils modifient les récepteurs mais les articles divergent sur le rôle du virus et ces récepteurs."

Contagion par le tabagisme passif

Autre mise en garde du Comité nationale du tabagisme, "les fumeurs infectés par le coronavirus sont des contaminateurs potentiellement majeurs de leur entourage par tabagisme passif, du fait de leur toux fréquente et de la présence dans la fumée de tabac de particules sur lesquelles se fixent les virus qui peuvent alors être inhalées par l’entourage. Enfin, ces particules potentiellement contagieuses se déposent sur les meubles, tapis, vêtements …  et sont à l’origine du tabagisme ultra-passif, par inhalation suite à leur relargage  dans l’air".  

Une position que tempère le Pr Dautzenberg : "Certains virus comme les rhinovirus se transmettent dans l'air, car ils y restent longtemps. Mais la transmission des coronavirus se fait par les gouttelettes (les postillons à moins d'un mètre, gouttelettes qui retombent sur les surfaces ou les mains) ou par les mains qui se portent au visage. La transmission par l'air est tout à fait anecdotique et enfin la transmission peut se faire par les selles en fin de la maladie."

"Il faut demander à tout le monde d'arrêter, exhorte le Pr Dautzenberg. C'est mieux pour le fumeur et pour son entourage !"


A suivre : Covid19, comment arrêter de fumer ou poursuivre son sevrage ?