Alcool : des médecins réclament plus de taxes pour financer la prévention

Dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, des médecins spécialistes des addictions regrettent que l’alcool soit « le grand absent du financement » du fonds de lutte contre les addictions.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Pr Amine Benyamina, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP) et signataire de cette lettre, a répondu aux questions du Magazine de la santé.

  • En quoi l’alcool est-il si dangereux pour notre santé ?

Pr Amine Benyamina : "Il y a chaque année en France, 49.000 morts directement imputés à l’alcool. C’est la première cause évitable de retard mental chez l’enfant à cause du syndrome d’alcoolisation fœtale, c’est la deuxième cause de cancer toutes causes confondues et la première cause des cancers du sein, c’est la première cause de démence précoce, l’alcool est impliqué dans la moitié des violences faites aux femmes et aux enfants… Je m’arrête là mais la liste est encore longue."

  • Pourquoi faut-il davantage taxer l’alcool ?

Pr Amine Benyamina : "Le vin est 38 fois moins taxé que les spiritueux et les alcools forts. Les taxes sur l’alcool sont infinitésimales. Ce que nous souhaitons c’est que les taxes sur l’alcool servent aussi à financer le Fonds dédié à la lutte et à la prévention contre les addictions, comme c’est le cas pour le tabac. Pour le tabac, il y a eu une grande mobilisation nationale, portée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn et cela a fonctionné : 1 million de fumeurs en moins en un an. On ne peut pas dire la même chose de l’alcool !"

  • Faut-il améliorer la prévention sur l’alcool ?

Pr Amine Benyamina : "La prévention est quasi-inexistante. Les Français ne sont tout simplement pas informés des problématiques liées à l’alcool. Nous avons passé des mois à discuter sur la taille d’un pictogramme pour les femmes enceintes, c’est ridicule et scandaleux ! On sait que cette mesure n’aura que des effets minimes par rapport à toute la communication qu’il faudrait mettre en place pour informer toute la population sur les dangers de l’alcool. Même en Ecosse, où l’on revendique la culture de l’alcool, le lobby du whisky a été durement combattu. Pas plus tard que ce matin, l’Irlande a mis en place une seconde taxe sur la publicité sur l’alcool. En France, l’alcool est le point aveugle de la santé publique !"