Un médecin sanctionné après avoir délivré un certificat de complaisance de contre-indication à la vaccination

Le patient, un enfant de deux ans, a contracté la coqueluche et l’a transmise à sa sœur. Le médecin homéopathe a été condamné à six mois d’interdiction d’exercer, dont quatre avec sursis.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Un médecin sanctionné après avoir délivré un certificat de complaisance de contre-indication à la vaccination

Il dit avoir cédé à la pression des parents… Comme l'a révélé Le Parisien le 4 janvier, le Dr François Beaudouin, médecin homéopathe à Angers, a accepté de fournir un certificat de contre-indication à la vaccination pour un petit garçon afin que celui-ci puisse entrer en crèche. D’après la mère, l’enfant de deux ans avait des "otites à répétition" et des "poussées d’eczéma". Résultat : le garçon a contracté la coqueluche, et a contaminé sa petite sœur, née prématurément. Si la santé de la petite fille n'est plus menacée, le médecin a écopé de six mois d’interdiction d’exercer, dont quatre avec sursis. "Un médecin ne peut s’opposer à la vaccination sans motif prouvé scientifiquement", a expliqué au Parisien le Dr Charles Rouessé, membre du Conseil départemental de l’Ordre des médecins du Maine-et-Loire.

Le médecin a "fait courir un risque injustifié à l’enfant et à son entourage"

C’est un médecin du CHU d’Angers qui a découvert le certificat dans le carnet de santé de l’enfant et signalé l’anomalie au Conseil. Après avoir étudié l’affaire, la chambre disciplinaire a estimé que le Dr Baudouin avait "fait courir un risque injustifié à l’enfant et à son entourage", et "manqué à son obligation déontologique de vigilance sanitaire". Le Dr Beaudouin, qui n’avait jamais été sanctionné auparavant, ne compte pas faire appel. Il s’est défendu en évoquant "le problème de la très difficile gestion des parents hostiles à la vaccination précoce de leurs enfants". D’après sa femme, il n’est "ni pour, ni contre la vaccination".

La coqueluche est une maladie respiratoire due à une bactérie, la Bordetella pertussis. Elle se manifeste par de fortes toux, et est donc très contagieuse. La contamination se fait par voie aérienne, lors d'un contact direct avec une personne infectée. La bactérie libère des toxines qui vont endommager les cils respiratoires et provoquer une toux persistante. Les conséquences peuvent être très graves, surtout chez les nourrissons. En France, la coqueluche reste la troisième cause de décès provoqués par une bactérie.

Les parents risquent 30.000 € d’amende et deux ans d’emprisonnement

La coqueluche fait partie aussi des onze maladies pour lesquelles la vaccination est obligatoire pour tous les enfants nés depuis le 1er janvier 2018. Conformément au Code de la santé, les parents du jeune garçon risquent aujourd’hui six mois de prison et 3.750 € d’amende. Le Code pénal prévoit en outre deux ans d’emprisonnement et 30.000 € d’amende quand la décision des parents aurait pu "compromettre la santé" de leurs enfants mineurs.

Comme le rappelle Vaccination Info-service, les contre-indications à la vaccination sont extrêmement rares. Et ni les otites, ni l’eczéma n’en font partie.

Les allergies aux œufs sont également concernées, car la fabrication de certains vaccins "comporte une étape de culture sur œufs de poule". Pour les rares personnes ayant des antécédents d’accidents d’allergie graves, la vaccination est faite à l’hôpital, progressivement.