Covid-19 : "On lui a volé sa mort et sa dignité"

Derrière les 100.000 morts du Covid-19, il y a des familles en souffrance. Car bien souvent, elles n’ont pas pu accompagner leurs proches dans les derniers instants. Julie Grasset, fondatrice de l’association CoeurVide19, a répondu aux questions du Magazine de la santé.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Patrick Grasset, 67 ans, est mort à son domicile, près de Châlons-en-Champagne, le 25 mars 2020. Sa fille, Julie Grasset, dénonce de graves dysfonctionnements dans sa prise en charge et a déposé plusieurs plaintes. Diabétique de type 2, avec des antécédents vasculaires, Patrick Grasset n’a pas été hospitalisé, et il est mort chez lui. " Le constat de son décès a été fait à son domicile à 7h mais nous n'avons été prévenus qu’à 9hse souvient Julie Grasset. Entre 7h et 9h du matin, des tiers ont pris des décisions pour les funérailles de notre père, sans que mon frère et moi puissions intervenir. Quand je prends contact avec l’opérateur funéraire, on m’explique froidement que ce n'est pas la peine de nous déplacer. Il est 12h30 et la crémation a déjà commencé. Donc là, vous prenez le mur."

Un deuil impossible

" On lui a volé sa mort, on lui a volé sa dignité… il est parti sous une bâche et il a été mis en bière immédiatement. Et surtout il a été envoyé à la crémation dans un délai complètement illégal. Le deuil pour nous est impossible : on ne l’a pas vu, on ne sait pas si c’est lui… Quand la veille de votre 37ème anniversaire vous découvrez sur un bureau l’urne de votre papa, c’est surréaliste."  Aujourd’hui, Julie Grasset souhaite alerter sur la souffrance de milliers de familles comme la sienne. " L’envers du décor du covid 19, ce sont des protocoles sanitaires drastiques, notamment sur le plan funéraire, qui confisquent, empêchent le deuil et entachent la dignité des défunts. Ça fait un an que nous n’avons aucune cellule d’écoute, aucun numéro vert. Nous recevons des témoignages de familles déchirants. Aujourd’hui, il est urgent d’aider les vivants à se réparer. Il faut donner les moyens aux gens d’aller voir des thérapeutes", explique-t-elle.