Le tabagisme repart à la hausse en 2021 : comment l'expliquer ?

Près d'un tiers des Français a déclaré fumer en 2021, selon Santé publique France. Les femmes et les populations défavorisées sont les plus touchées par cette hausse du tabagisme.

Mathieu Pourvendier avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Tabac : l'inquiétante reprise de la consommation
Tabac : l'inquiétante reprise de la consommation  —  Le Mag de la Santé - France 5

Une nette remontée. Une étude publiée mardi 12 décembre par Santé Publique France note qu'après une baisse d'une "ampleur inédite" chez les adultes entre 2014 et 2019 puis une stagnation en 2020, le tabagisme repart à la hausse en 2021.

Les données proviennent du baromètre de Santé publique France, une enquête téléphonique auprès d'un échantillon aléatoire de 18-85 ans résidant en France (24 514 personnes en métropole, 6 519 en Outremer), menée entre février et décembre 2021.

De plus en plus de fumeuses

En France métropolitaine, plus de trois adultes de 18-75 ans sur 10 (31,9%) ont ainsi déclaré fumer en 2021 et un quart quotidiennement (25,3%). Comparés à 2020, ces chiffres ne montrent pas de variations significatives. Mais, comparés à 2019, avant la crise liée au Covid, ils attestent d'une hausse de la prévalence du tabagisme. 

S'il n'a, globalement, pas évolué "de façon significative", le tabagisme quotidien a, pour sa part, progressé chez les femmes (23% contre 20,7%) et chez les personnes peu ou pas diplômées (32% contre 29%).  

"Cette reprise, avec environ 700 000 personnes qui refument, n'est pas une bonne nouvelle pour la prévention", a regretté le ministre de la Santé François Braun sur franceinfo le 13 décembre.

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La cigarette pour "gérer le stress"

Pour expliquer ces résultats, Santé publique France juge qu'"un impact de la crise sociale et économique liée à la Covid-19 ne peut être exclu". Chez les femmes, l'augmentation du tabagisme pourrait être liée en partie à l'impact plus fort de cette crise pour elles, selon l'étude.

Et les conséquences psychologiques, économiques et sociales de la crise du Covid ont été "davantage marquées" dans les populations défavorisées, où "la cigarette peut être perçue comme un outil pour gérer le stress ou surmonter les difficultés du quotidien".       

François Braun, s'est dit, toujours sur franceinfo, préoccupé par "ce cumul de mauvais signes", en relevant que "ce sont les plus modestes, ceux qui sont les plus loin du soin qui fument le plus".

Plus de fumeurs en Paca qu'en Île-de-France

Outre des inégalités sociales toujours très marquées, des différences régionales persistent. L'Occitanie (28,5%) et Paca (29,1%) avaient en 2021 une prévalence du tabagisme quotidien plus élevée que le reste de la France, l'Île-de-France et les Pays-de-la-Loire moins élevée (22,4%). La proportion de fumeurs dans les Outremers est par ailleurs inférieure à celle de la métropole.

Un seul résultat est jugé "encourageant", mais à confirmer : la baisse du tabagisme quotidien chez les hommes de 18-24 ans, cohérente avec une tendance à la baisse depuis quelques années chez les adolescents.  

Toujours la 1ère cause de mortalité en France

Pour la cigarette électronique, l'usage (6,7%) et le vapotage quotidien (5%) ont augmenté chez les adultes en 2021 par rapport à 2020 (respectivement 5,4% et 4,3%), mais la proportion de 18-75 ans à l'avoir expérimentée est restée stable (38,7%).   

Enfin, le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, avec quelque 75.000 décès chaque année. L'objectif fixé par les autorités est de parvenir à une génération sans tabac à l'horizon 2032. 

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