Médicament contre la goutte : des accidents cutanés graves jugés ''évitables''

C'est un medicament contre la goutte qui est désormais visé par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L'allopurinol, commercialisé depuis plus de 40 ans pour traiter la goutte, est connu pour causer des effets indésirables cutanés graves, mais selon l'ANSM, plus de la moitié (60%) des cas signalés ces trois dernières années étaient "évitables" en raison d'une prescription "non justifiée".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Médicament contre la goutte : des accidents cutanés graves jugés ''évitables''

S'alarmant de la persistance de signalements d'effets indésirables cutanés graves, l'Agence du médicament a analysé les observations qui lui ont été transmises sur une période récente (2008-2010).

Ces cas graves, parfois mortels, estimés en moyenne à 1 cas pour 2.000 nouveaux patients traités, surviennent les plus souvent au cours des deux premiers mois de traitement, souligne l'agence sanitaire dans une lettre adressée aux médecins prescripteurs et aux pharmacien.

"Au total, plus de la moitié des cas signalés au cours de ces 3 ans - soit 60% d'entre eux - étaient jugés évitables du fait d'une indication non justifiée", constate-t-elle. Elle note également "une prédominance féminine, un non-respect de l'adaptation des doses à l'état de la fonction rénale "dans environ la moitié des cas" ainsi qu'une "utilisation hors AMM fréquente" (hors des indications de l'autorisation de mise sur le marché, ndlr).

L'analyse des cas montre en outre un lien entre les doses élevées et le risque de survenue de ces toxidermies graves, et "une prise en charge retardée due à une méconnaissance de ce risque par les professionnels de santé et les patients." Or l'arrêt rapide du traitement est à l'origine d'un meilleur pronostic de ces effets indésirables, précise-t-elle.

L'ANSM rappelle donc aux professionnels de santé la nécessité de bien respecter les indications du médicament et par conséquent de ne pas l'instaurer en cas d'hyperuricémie (excès d'acide urique dans le sang) non accompagnée de symptômes (par exemple, calculs rénaux, goutte, ndlr).

Il convient, rappelle-t-elle également, d'"augmenter progressivement les doses" d'allopurinol lors de son instauration "et d'informer les patients de la nécessité d'arrêter immédiatement ce traitement en cas de survenue d'une éruption cutanée ou d'autres signes d'hypersensibilité" (atteinte des muqueuses oculaire, buccale ou génitale, fièvre, ganglions, érosion cutanée).

La notice du médicament a été modifiée, précise enfin l'ANSM.

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Sur Allodocteurs.fr :

La goutte, également appelée arthrite goutteuse, est une maladie qui touche principalement les hommes et qui se manifeste par des crises avec des inflammations, des gonflements et des douleurs très importantes au niveau des articulations.

La quantité d'acide urique augmente généralement quand nos cellules produisent trop de protéines ou quand cet acide urique n'est pas éliminé en quantité suffisante dans les urines. Résultat, il s'accumule, se cristallise et s'associe le plus souvent avec du calcium. Ces cristaux se déposent alors dans les articulations ou les tissus. Le plus souvent au niveau du gros orteil, des chevilles et des genoux provoquant des douleurs intenses, c'est la crise de goutte aiguë.