Champignons toxiques ou comestibles ? Ne vous fiez pas aux applis !

Les applications de reconnaissance des champignons sur smartphone ne sont pas assez fiables pour différencier les champignons comestibles et toxiques. Nos conseils pour éviter l'intoxication.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Cueillette des champignons : comment éviter l'intoxication  —  Le Mag de la Santé - France 5


Qui dit automne dit cueillette des champignons. Mais comment savoir si votre récolte est bien comestible ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) alerte régulièrement sur les risques liés aux applications de reconnaissance des champignons. Ces services disponibles sur smartphones sont insuffisamment fiables pour pouvoir s'y fier sans danger.

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1 000 à 2 000 intoxications par an

L'agence sanitaire rappelle tout d’abord qu'un champignon peut être dangereux : les intoxications peuvent entraîner des troubles digestifs sévères, des complications rénales, des atteintes au foie, conséquences graves qui peuvent même entraîner la mort.

Ainsi, au deuxième semestre 2019, plus de 2 000 cas d'intoxication liés à la consommation d'une espèce toxique ou de champignons comestibles mal cuits ou en mauvais état ont ainsi été rapportés aux centres antipoison, dont trois mortels.
En 2021, l'agence fait état de 1 269 cas, dont 41 sévères et quatre mortels. En 2022, les Centres antipoison comptaient déjà début septembre une soixantaine d'intoxications pour la seule première semaine du mois.

Des confusions "favorisées" par les applis

Pour éviter ces accidents, quelques bonnes pratiques sont à respecter :
· ramasser uniquement les champignons que vous connaissez parfaitement
· au moindre doute, faire contrôler sa cueillette par un pharmacien ou une association de mycologie
· ne jamais manger de champignons sauvages crus et ne jamais en donner à de jeunes enfants.

Mais depuis quelques années, un nouveau risque est apparu sur les radars des experts sanitaires : les applications sur smartphones destinées à identifier l'espèce de champignon grâce à une photo. Le phénomène est pour l'instant trop récent pour en connaître l'ampleur précise. Mais il existe au moins "quelques cas" parmi les intoxications rapportées en 2019 où "la confusion entre espèces était favorisée par l'utilisation d'applications de reconnaissance de champignons sur smartphone, qui avaient donné des identifications erronées sur les champignons cueillis", s'inquiète l'Anses.

Elle recommande donc clairement de "ne pas consommer de champignon identifié" par ces applis, "en raison du risque élevé d'erreur".

Les applis : plus de 50% d’erreurs

Pour mieux appréhender l'ampleur du problème, une recherche a été lancée au centre antipoison de Paris, après l'intoxication sévère d'une famille de trois personnes en 2019. Elle avait entraîné trois hépatites sévères, une greffe de foie et le placement de l'enfant en réanimation.

Cette étude collecte les photos de champignons envoyées chaque jour par des particuliers inquiets d'avoir été intoxiqués et les passe dans des applications de reconnaissance des champignons existantes.

Le travail est toujours en cours, mais "on a quand même plus qu'une tendance", explique à l'AFP le docteur Jérôme Langrand. "Elles se trompent à plus de 50% sur l'espèce". "Parfois c'est bénin, mais dans certains cas, elles créent des situations à risque d'intoxication", insiste le médecin.

Toujours prendre une photo

Même si les applis signalent le risque mortel de certaines espèces, pour lui, ce n'est pas suffisant : "il faut s'abstenir de manger tout champignon sur avis d'une application".

En revanche, prendre une photo des champignons que l'on compte manger est toujours utile, insiste l'Anses. En cas d'intoxication, les médecins sont ainsi capables d'identifier rapidement l'espèce responsable pour décider du traitement adéquat.