Incontinence urinaire : que faut-il penser du traitement par ondes électromagnétiques ?

L'HIFEM est une technique de traitement de l'incontinence urinaire par ondes électromagnétiques. En quoi consiste ce nouveau dispositif ? Quelle est son efficacité ? On fait le point.

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Incontinence urinaire : que faut-il penser du traitement par ondes électromagnétiques ?

Traiter l'incontinence urinaire par ondes électromagnétiques ? C'est la promesse de la technique HIFEM

HIFEM (High Intensity Focused Electromagnetic) se traduit par "champ électromagnétique focalisé et de haute intensité". Peu connue en France dans le traitement de l'incontinence urinaire, cette technique est surtout commercialisée dans des indications esthétiques, notamment pour renforcer les abdominaux.

De quoi s'agit-il ?

"En pratique, il s'agit d'un fauteuil sur lequel s'assoit la patiente habillée, et qui est relié à une machine", précise le Dr Coutant-Foulc, dermatologue spécialiste des pathologies vulvaires et qui propose la machine Emsella à ses patientes. L'appareil envoie des ondes électromagnétiques à haute intensité et focalisées, qui agissent directement sur les muscles du périnée.

Les ondes entraînent alors des contractions spontanées, répétitives et intenses du périnée. Ce qui stimule l'hyperplasie et l'hypertrophie des cellules musculaires, autrement dit la multiplication et la taille des cellules.   

La technique a l'avantage d'être non invasive et semble, d'après la dermatologue, appréciée des patientes qui n'ont pas à se déshabiller ni à introduire une sonde dans leur vagin ou à avoir recours à une rééducation manuelle, ce qui est le cas dans les rééducations périnéales classiques.      

Quels sont les indications et les effets secondaires ?

Cette technique est indiquée dans le traitement de l'incontinence urinaire survenant à l'effort, avec des urgenturies, ces envies pressantes d'uriner.   

"Je le propose aussi en cas de sensations moindres durant les rapports, d'impossibilité à tenir un tampon, de fuite urinaire importante après un bain, ou de gaz vaginaux", détaille le Dr Coutant-Foulc. Mais ce dispositif n'est pas recommandé dans les incontinences permanentes ou de repos qui sont d'indication chirurgicale.   

Il existe des contre-indications notamment pour les personnes ayant un pacemaker, une prothèse métallique ou un appareil électrique (pompe à insuline), les femmes enceintes ou les patients souffrant d'épilepsie. Sur le plan des effets secondaires, la spécialiste a observé une poussée hémorroïdaire chez les patients sujets aux hémorroïdes. Une étude évoque une légère douleur musculaire, une rougeur de la peau ou encore un spasme temporaire du muscle.   

En quoi consiste le protocole et à quel prix ?

"6 à 8 séances de 28 minutes doivent être effectuées, à raison de 2 séances par semaine durant 1 mois. Ce protocole est très important à respecter pour des stimulations répétées", détaille le Dr Coutant-Foulc. Il faut refaire une séance à 6 mois pour certaines patientes, d'autres n'en ont pas besoin.

Le coût approximatif de la séance est de 80 à 150 €, avec le plus souvent un forfait à 600 € pour 6 ou 8 séances.    

Quelle efficacité ?

L'HIFEM bénéficie de quelques études évoquant une efficacité d'après les patientes. Avec un bémol : "Aujourd'hui, il n'y a pas de recommandation au niveau mondial, car il n'y a pas de preuves suffisantes", déplore le Pr Gamé, urologue. Il faudrait une bonne évaluation selon les règles habituelles, comme pour les dispositifs médicaux implantables et les médicaments. 

Il existe un autre frein d'après l'urologue : "Qu'il y ait un impact pour muscler le périnée, pourquoi pas, mais encore faut-il savoir le faire fonctionner à bon escient. De nombreuses patientes avec une incontinence urinaire ont ce qu'on appelle un défaut de commande : quand on leur demande de serrer les muscles du périnée, elles lèvent les fesses au lieu de serrer le périnée. Bien contracter s'apprend chez une professionnelle, sage-femme ou kinésithérapeute faisant de la rééducation périnéale. Les ondes électromagnétiques ne seront pas un traitement de première intention mais peut-être pour le muscler en entretien, cela pourrait être intéressant"

Précision de taille, cette technique n'est pas prise en charge par la Sécurité sociale et son coût peut être un frein majeur pour les patientes.