"1000 premiers jours" : ce rapport préconise un congé paternité de neuf semaines

Dans un rapport sur les "1.000 premiers jours" de l'enfant, des experts recommandent de développer un accompagnement à la parentalité, d'étendre le congé paternité à neuf semaines et de mieux soigner la dépression post-partum.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Halfpoint

Aider les enfants à "se développer le mieux possible". C’est l’idée générale du rapport des 1.000 premiers jours que remet une commission d’experts présidée par le pédopsychiatre Boris Cyrulnik le 8 septembre au gouvernement.

Ce rapport liste les mesures qui permettraient de faire du soutien aux jeunes enfants et à leurs parents une "priorité de l'action publique". L'idée clef de ce travail est que les enfants, et donc les adultes qu'ils deviendront, sont "façonnés par le milieu dans lequel ils grandissent", mais qu'"on peut agir" sur ce milieu dans les 1.000 premiers jours, période qui s’étend du quatrième mois de grossesse aux deux ans de l’enfant.

Des annonces "d’ici la fin du mois"

Les propositions issues de ce rapport sur les 1.000 premiers jours de l'enfant vont être "expertisées" par le gouvernement, et donneront lieu à "des annonces d'ici la fin du mois", a précisé le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles, Adrien Taquet.

Parmi ces propositions, plusieurs ont déjà retenu son attention. Il cite notamment la nécessité de mieux communiquer des messages de santé publique à des parents "parfois un peu perdus, contraints de chercher des réponses sur les réseaux sociaux", de renforcer l'accompagnement des familles pour mieux "détecter des fragilités", ou encore d'allonger le congé paternité.

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Neuf semaines pour les nouveaux pères ?

Ce dernier point fait l'objet de vifs débats depuis plusieurs années. En France, les pères disposent depuis 2002 d’un congé optionnel de 11 jours. Ils sont sept sur dix à prendre ce congé indemnisé par l’assurance maladie, qui vient compléter le congé de naissance obligatoire de trois jours à la charge de l'employeur. Une durée faible en comparaison à certains de nos voisins européens : 60 jours en Suède, 54 jours en Finlande, voire même 14 semaines en Norvège.

En juin dernier, Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État chargée de l'égalité femmes/hommes, avait affirmé l'intention du gouvernement d'allonger le congé paternité, mais sans préciser la durée.

Une meilleure indemnisation ?

Aujourd’hui, convaincus qu'"il faut du temps, de la disponibilité et de la proximité physique et émotionnelle de la part des parents pour qu'ils construisent avec leur bébé une relation harmonieuse", les auteurs du rapport recommandent de porter le congé paternité à neuf semaines. "Une partie pourrait être prise après la naissance et l'autre partie à la fin du congé maternel".

Le rapport recommande en outre d'améliorer l'indemnisation du congé parental, en la portant d'un peu moins de 400 euros par mois à au moins 75% du revenu.

Mieux accompagner les jeunes parents

Adrien Taquet a par ailleurs souligné la nécessité de "briser le tabou" de la dépression post-partum, qui frapperait 10 à 15% des mères. Elle constitue la "principale complication de la grossesse, avec des conséquences qui peuvent être sévères (...) pour le développement de la relation au bébé", écrivent dans leur rapport les médecins, psychologues, sages-femmes et autres spécialistes de la petite enfance.

Pour les auteurs, il faut enfin proposer un accompagnement personnalisé aux parents, qui "se retrouvent parfois seuls et perdus au milieu de leurs nombreux interlocuteurs". Des "campagnes d'information régulières auprès du public" devraient également mettre l'accent sur l'importance de cette période, selon les auteurs.

Après examen de ces propositions par le gouvernement, certaines de ces mesures pourraient se voir inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2021, selon Adrien Taquet.