Expulsée à cause de son handicap ?

Installé depuis 6 ans à Montréal, un couple de français est menacé d’expulsion à cause du handicap de leur fille cadette. Agée de 8 ans, Rachel souffre d’une paralysie cérébrale légère : "un fardeau excessif" pour les services sociaux canadiens.

Delphine Renault
Rédigé le
Expulsée à cause de son handicap ?

En 2005, la famille Barlagne avait décidé de s'installer au Canada. Ingénieur en informatique, David Barlagne, y crée sa société d'informatique. Au moment de faire sa demande pour venir au pays, David Barlagne avait averti le délégué en investissement de l'ambassade canadienne à Paris que sa fille cadette était atteinte de paralysie cérébrale. Le délégué lui avait alors répondu que cela ne posait aucun problème puisqu'elle n'était pas malade et que par conséquent n'avait pas de soins de santé.

En 2007, la famille décide faire une demande de résident permanent car elle souhaite rester au Canada. Septembre 2008, c'est la stupéfaction pour la famille Barlagne : la demande de résidence permanente est rejetée. La raison invoquée par les services canadiens : leur fille Rachel, atteinte d'une paralysie cérébrale, est "un fardeau excessif pour les services sociaux". L'administration chiffre ce "fardeau" à 5 259 $ par an en frais d'éducation spécialisée, la petite fille n'étant pas malade, il ne s'agit pas de frais liés aux soins de santé.

Rachel souffre en effet d'une forme légère de paralysie cérébrale. Son médecin, le Dr Pierre Marois, explique : "Bien qu'elle ait de la difficulté à parler et à marcher, elle a un pronostic fonctionnel extrêmement favorable. Elle est intelligente et très motivée et fait des progrès constants alors qu'elle fréquente l'école Victor-Doré, une école spécialisée, où elle reçoit des soins en réadaptation. (....) Elle n'a aucun besoin particulier sur le plan médical et est en parfaite santé. La condition et l'autonomie de Rachel ne peuvent que s'améliorer."

Jeudi 14 avril 2011, à Montréal, David et Sophie Barlagne ont fait une conférence de presse pour interpeller l'opinion et les pouvoirs publics, la mère de la petite fille a rappelé que : "Fardeau, dans le dictionnaire, ça veut dire charge pénible à supporter (...). Ce matin je voudrais dire au gouvernement haut et fort que ma fille Rachel n'est pas une charge pénible à supporter ni pour nous ni pour la société, a-t-elle poursuivi avec émotion. C'est une extraordinaire petite personne de huit ans qui s'épanouit de plus en plus, et qui donnerait bien des leçons de vie à des gens comme vous et moi qui ne sommes pas considérés comme des fardeaux."

Alors que les partis sont en pleine campagne électorale fédérale, les parents de Rachel interpellent les politiciens sur leur cas, et fait appel au sens humanitaire du ministre canadien de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney. En mai dernier, leur demande de révision judiciaire du dossier a été aussi rejetée par la cour fédérale. A moins d'un retournement de situation, la famille Barlagne sera expulsée avec leurs deux enfants au mois de juillet 2011.

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