Décès d'un rugbyman : qu'est-ce que la commotion cérébrale ?

Le rugby français est en deuil depuis ce week-end après le décès du jeune joueur d'Aurillac, Louis Fajfrowski, 21 ans à la suite d'un choc subi au cours d'un match amical.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

Qu'est-ce qu'un KO ?

Le K.O : quelles conséquences pour le cerveau?
Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes expliquent le KO

Rugby, taekwondo, hockey, football, tous les sports qui imposent un contact sont concernés par le KO. Et même si le choc peut provoquer une perte de connaissance, la plupart du temps, dans 90 % des cas, le joueur ne s’évanouit pas. On peut donc être KO et rester debout.

Être KO, battu par KO... Le mot est entré dans le langage courant. Les images de boxe ne nous surprennent plus, et les commotions cérébrales dans ce sport sont fréquentes. Mais la boxe n'est pas la seule discipline concernée. Tous les sports qui imposent un contact présentent des risques.

Qu'il y ait eu perte de connaissance ou pas, les commotions cérébrales ne sont pas sans risque. Le cerveau est entouré par des tissus que l'on appelle les méninges. L'ensemble baigne dans un liquide, et est protégé par la boîte crânienne. Quand il y a un choc, le cerveau va bouger, un peu comme une masse gélatineuse dans de l'eau. Il va se cogner contre les parois de la boîte crânienne. Cela va générer des lésions dans le lobe frontal. Ces lésions sont impossibles à détecter sur un IRM.

Le seul moyen de mesurer la gravité du choc est de faire passer au joueur un examen neurologique.

Commotion cérébrale : un trouble à surveiller

L'impact du choc est mesuré à l'aide de tests neurologiques. Tant que les symptômes persistent, les sportifs sont mis au repos.

Maylis est une jeune joueuse de rugby amateur. Victime d'une commotion cérébrale il y a 3 semaines, elle va passer des tests neurologiques dans la seule consultation spécialisée pour les sportifs victimes de commotions cérébrales, créée il y a 5 ans.

On ne sait pas combien de commotions cérébrales un joueur peut supporter. Chacun de nous aurait une sorte de quota à ne pas dépasser, et qui varierait d'une personne à l'autre. Muhammad Ali, le célèbre boxeur américain, est aujourd'hui victime de ce que l'on appelle une démence pugilistique, c'est-à-dire un mélange entre maladie d'Alzheimer et de Parkinson.

Les premières études réalisées aux Etats-Unis montrent que de nombreux joueurs de football américain souffrent de troubles de la mémoire et du comportement, de dépressions chroniques.

La sensibilisation aux commotions cérébrales

Si les sportifs professionnels sont sensibilisés et surveillés, le danger demeure chez les amateurs.

Aujourd'hui, dans certains milieux sportifs, on commence à prendre en compte ce phénomène. La Fédération française de Rugby est la première à avoir mis en place un veritable protocole en cas de commotion cérébrale.

Les mentalités ont beaucoup évolué dans le sport professionnel. Le problème, c'est le milieu amateur où le risque est encore méconnu des médecins, des entraîneurs et des joueurs. Les commotions cérébrales sont fréquentes chez les enfants. Pas seulement ceux qui pratiquent le rugby ou la boxe, mais aussi tous les sports de combat, ou ceux où les joueurs peuvent entrer en contact comme le football.

En cas de doute, il est vraiment souhaitable que le petit sportif soit vu par un médecin pour faire des tests neurologiques. Et surtout, il est indispensable d'arrêter toute activité physique tant que les symptômes persistent au repos, ce qui peut prendre plusieurs semaines.