Drame de Koh-Lanta : le coup de gueule du Dr Gérald Kierzek

Le 21 mars 2013, Gérald Babin, candidat de l'émission de télé-réalité Koh-Lanta, est décédé des suites d'un arrêt cardiaque. Quelques jours plus tard, lundi 1er avril 2013, le médecin de l'émission, Thierry Costa, qui avait prodigué les premiers soins au candidat s'est suicidé au Cambodge, laissant une lettre d'adieu dans laquelle il déplorait l'acharnement médiatique dont il était victime. Ces deux drames survenus en un peu plus d'une semaine ont soulevé de nombreuses questions.

Dr Gérald Kierzek
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Chronique du Dr Gérald Kierzek, urgentiste, du 3 avril 2013
Chronique du Dr Gérald Kierzek, urgentiste, du 3 avril 2013
  • Gérald, que s'est-il passé pour ce candidat ?

Dr Gérald Kierzek : "Il est toujours difficile de dire ce qui s'est passé sans connaître les circonstances exactes. Ce qui est sûr, c'est que le candidat Gérald Babin a fait un arrêt cardiaque, c'est-à-dire que son coeur s'est brutalement arrêté de battre aboutissant au décès malgré la réanimation.

"Les morts subites du sportif concernent des sujets jeunes, sportifs et on estime à 800 à 1.000 décès par arrêt cardiaque survenant chaque année lors d'une activité sportive en France. L'âge moyen est de 46 ans. Dix à quinze de ces décès concernent des sportifs de haut niveau, largement surveillés. Elle est donc imparable. Même si on réalise un électrocardiogramme juste avant, on peut très bien faire un trouble du rythme quelques minutes après. Lors du dernier semi-marathon de Paris, il y a eu deux arrêts cardiaques parmi les concurrents ! Le pronostic est surtout effroyable puisque la mortalité est de l'ordre de 95%."

  • Que faut-il faire et quelle est la prise en charge médicale en cas d'arrêt cardiaque ?

Dr Gérald Kierzek : "Pour le grand public, il faut appeler les secours (le 15 ou le 18), masser (c'est-à-dire appuyer sur la poitrine pour faire un massage cardiaque) et défibriller, c'est-à-dire délivrer un choc électrique pour tenter de faire repartir le coeur.

"Quand il y a une équipe médicale, on poursuit la réanimation spécialisée avec l'oxygénation. On intube le patient en lui apportant de l'oxygène directement dans la trachée et les poumons, on injecte des médicaments pour tenter de faire redémarrer le coeur et on a aussi un scope défibrillateur.

"Nul doute que le médecin urgentiste sur place avait ce type de matériel de réanimation pré-hospitalière."

  • Aurait-on pu éviter le décès du candidat ?

Dr Gérald Kierzek : "Je ne pense pas. Le pronostic, c'est-à-dire les chances de survie, est faible. Même avec tous les examens en amont, malheureusement, tout n'est pas visible et avant 40 ans, c'est le plus souvent une malformation cardiaque (hypertrophie par exemple) pas toujours dépistable. Et après 40 ans, il s'agit souvent d'un infarctus, c'est-à-dire qu'une artère se bouche.

"Ce décès est incompréhensible, inacceptable pour les familles, les médias, etc. Mais l'urgentiste n'est pas responsable de toutes les vies qu'il ne sauve pas ! Et c'est là le deuxième drame, évitable celui-là. Parce Gérald Babin est mort, on a cherché à en faire porter la responsabilité au médecin urgentiste. Il s'est en tout cas senti "sali" comme il le dit dans sa lettre accompagnant son geste avec une remise en cause de ses compétences médicales.

"Il faut rappeler que le médecin a une obligation de moyens, pas de résultats. Faire croire à la famille, aux médias, que le décès est imputable au médecin est quelque chose d'intolérable."

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