Deux protéines impliquées dans le développement du mélanome

Nouvelle piste dans la compréhension et le traitement du mélanome. C'est en tentant de mieux comprendre le développement des mélanocytes, les cellules pigmentées de la peau à l'origine des mélanomes, que des chercheurs français ont découvert deux protéines qui pourraient, à l'avenir, changer le pronostic de ce cancer. Des conclusions publiées dans l'édition du 27 septembre  2012 de Cell Report.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Deux protéines impliquées dans le développement du mélanome

Le mélanome se développe à partir de cellules normales, les mélanocytes, spécialisées dans la fabrication d'un pigment nous protégeant des effets délétères du soleil et colorant la peau, la mélanine. Dans certains cas, les mélanocytes se transforment et se multiplient de manière anarchique, jusqu’à former la tumeur maligne.

Des chercheurs de l'Inserm, du CNRS, de l'Institut Curie et de l'Université Paris-Sud ont mis en évidence deux protéines clés, BRAF et CRAF, indispensables à la survie des cellules à l'origine de mélanocytes, appelées cellules souches. Les cellules souches sont les seules cellules capables de se différencier en mélanocyte, de se multiplier quasi indéfiniment et ainsi, de pigmenter la peau tout au long de la vie.

Le gène BRAF, à l'origine de la protéine du même nom, n'était pas inconnu des chercheurs. Découvert en 2002, sa mutation loin d'être exceptionnelle (présente dans 50 % des mélanomes) perturbe la régulation de la protéine BRAF qui, produite en excès, induit une multiplication incontrôlée des mélanocytes à l'origine du mélanome.

Pourtant les traitements développés visant à inhiber la protéine BRAF, dans les mélanomes métastatiques, n'avaient pas donné entière satisfaction aux chercheurs : des récidives du mélanome n'étaient pas rares, laissant penser que les cellules souches de mélanocytes n'avaient pas été détruites.

C'est pour expliquer l'échec des traitements que des chercheurs, dirigés par Alain Eychène, directeur de recherche à l'Inserm, ont supprimé l'expression de la protéine BRAF mais aussi celle d'une protéine de la même famille, la protéine CRAF, chez des souris au pelage noir.

Les chercheurs ont ainsi constaté que la suppression de l'un ou de l'autre des gènes n'entraînait aucun changement de pigmentation tout au long de la vie de l'animal. En revanche, en bloquant simultanément l'expression de ces deux gènes, les souris nées noires perdaient petit à petit leur pigmentation jusqu'à devenir blanches.

Pour Alain Eychène : "ces observations traduisent un défaut dans le renouvellement des mélanocytes. Puisque la couleur noire est présente à la naissance, les cellules pigmentaires existent bien. En revanche, le blanchiment progressif du pelage en l'absence de BRAF et CRAF dans cette lignée cellulaire prouve que ces deux protéines sont nécessaires au renouvellement des mélanocytes".

Les chercheurs espèrent développer un traitement qui, associé aux inhibiteurs de BRAF déjà connus, pourraient réduire le nombre de rechute dans les mélanomes métastatiques.

Source : B-Raf and C-Raf Are Required for Melanocyte Stem Cell Self-Maintenance, Cells report, le 27 septembre 2012

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