Euthanasie : 250 médecins se mobilisent contre la radiation du Dr Bonnemaison

Près de 250 médecins ont écrit une lettre ouverte à l'Ordre des médecins et au président François Hollande dans laquelle ils réclament la suspension de la radiation visant un urgentiste de Bayonne, Nicolas Bonnemaison, poursuivi pénalement pour sept cas d'euthanasie sur des patients en fin de vie.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Euthanasie : 250 médecins se mobilisent contre la radiation du Dr Bonnemaison

L'urgentiste de Bayonne a été radié jeudi 24 janvier 2013 de l'Ordre des médecins par les instances ordinales régionales alors que son cas n'en est qu'à l'instruction devant la justice pénale.

Le Dr Bonnemaison, a été mis en examen en août 2011 pour "empoisonnement" de quatre malades en fin de vie, dont le décès aurait pu être précipité par l'administration de certaines substances, un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Il est ainsi reproché à l'urgentiste d'avoir enfreint plusieurs préconisations du code de déontologie médicale ou du code de la santé publique. En particulier, selon la décision, il doit "être regardé comme ayant provoqué délibérément la mort de patients", ce qui est contraire à l'article R 4127-38 du code de déontologie médicale.

En janvier 2012, les juges lui ont notifié des poursuites pour trois autres cas.

"Nous sommes profondément choqués par cette sentence et avons souhaité manifester notre indignation", a indiqué à l'AFP le Dr François Bannier, médecin anesthésiste hospitalier à Bayonne, un des premiers signataires de la lettre ouverte, avec le Dr Marie-Pierre Kuhn.

Selon lui, la décision de la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins d'Aquitaine de radier du tableau le Dr Bonnemaison, la plus sévère des cinq sanctions possibles, a "paru rapide et brutale alors même que l'affaire est encore en cours d'instruction et couverte par le secret de l'instruction".

"C'est un praticien qu'on connaît, il a travaillé 22 ans à l'hôpital, toute cette affaire est traitée de la manière la plus hâtive, l'urgence est de le soutenir", a estimé de son côté le Dr Kuhn. "Nous ne sommes pas des militants de l'euthanasie", a-t-elle souligné. "Par deux fois le Dr Bonnemaison a été jugé coupable, deux fois d'une manière hâtive. Parti en garde à vue au bout de même pas 24 heures sans expertise interne d'ordre médical et là, à nouveau, il y a une sanction extrêmement lourde sans que l'on connaisse le dossier", a-t-elle ajouté.

La lettre co-signée par quinze professeurs, deux anciens directeurs d'hôpitaux, un sociologue et plus de 200 médecins de métropole et des Dom-Tom sera mise en ligne sur le site de soutien au Dr Bonnemaison (soutien.nbonnemaison.free.fr), a précisé le Dr Kuhn.

Cette lettre ouverte s'adresse non seulement au président du Conseil de l'Ordre des médecins, Michel Legmann, mais également à François Hollande et aux ministres de la Santé et des Personnes âgées, Marisol Touraine et Michèle Delaunay.

Le président de la République a promis un projet de loi sur la fin de vie en juin 2013, après la remise le 18 décembre 2012 du rapport de la mission du professeur Didier Sicard, préconisant un geste médical "accélérant la survenue de la mort" dans certains cas, mais rejetant l'idée d'inscrire l'euthanasie dans la loi.

Selon une étude récente de Nicolas Brouard, directeur de recherches à l'Institut national d'études démographiques (Ined) il y aurait chaque année en France quelque 3.000 cas d'euthanasie.

L'euthanasie n'est pas légale en France, même si la loi Leonetti sur la fin de vie admet qu'on puisse soulager avec des anti-douleurs un malade au stade terminal au point d'en "abréger la vie".

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