Erreurs médicales : des récidivistes condamnés

Deux médecins viennent d’être condamnés à de la prison avec sursis, et une interdiction provisoire d’exercer, pour avoir rendu une de leur patiente totalement incontinente. L'un d’entre eux n'en était pas à sa première erreur médicale.

Setti Dali
Rédigé le , mis à jour le
Erreurs médicales : des récidivistes condamnés

Une vie brisée par des médecins. C'est ce qu'a vécu Hélène Braz, 63 ans. En 8 ans, elle a subi pas moins de quatorze interventions chirurgicales qui l'ont rendue incontinente urinaire. Les expertises sont unanimes : la patiente souffre "de douleurs pelviennes, clitoridiennes majeures et de brûlures en lien avec l'incontinence". Hélène Braz est une femme mutilée au plus profond de son intimité, privée de toute vie. Elle a dû cesser son activité professionnelle et renoncer à toute vie de couple.

Des médecins incompétents

En cause : l'acharnement de deux médecins. Célestin Esso, chirurgien à la polyclinique du parc de Charleville-Mézières, et Jean-Pierre Giolitto, alors urologue à la clinique des Bleuets de Reims. De 1994 à 2002, ils ont opéré quatorze fois leur patiente. Des "gestes opératoires exécutés en méconnaissance des règles de l'art", soulignent les experts mandatés par la Cour de justice de Reims.

Certaines de ces interventions n'auraient pas dû être réalisées aux yeux des experts, dont la liste des griefs est longue : un matériel utilise inadapté, un suivi post-opératoire insuffisant, voire inexistant, un manque de compétences, etc.

Le déni des médecins

Les médecins, poursuivis par la Cour d'appel de Reims, avait déjà été condamné en première instance en 2008, pour blessures involontaires. Ils ont fait appel. La Cour d'appel vient de confirmer le jugement rendu en première instance. Ils ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis, 20 000 euros d'amende et des interdictions d'exercer de trois et cinq ans.

"C'est un calvaire, cette vie"

Lors de l'audience, la victime a évoqué à plusieurs reprises son calvaire. "Je suis obligée de rester assise, toute ma vie…". "Je me lève 5 à 7 fois dans la nuit, mes draps sont trempés". "C’est un calvaire, cette vie".

Elle a également évalué le coût de son handicap pour les vingt prochaines années : 333 000 euros de frais de protection. La question du montant des indemnités sera traitée au cours d'une prochaine audience. Pour l'instant, les médecins condamnés ont cinq jours pour se pourvoir en cassation.

Récidivistes de l'erreur médicale

Le Dr Giolitto n'en était pas à sa première erreur médicale. Il est d'ailleurs sous le coup d'une suspension d'exercer de 5 mois, demandée par l'Agence Régionale de Santé (ARS), pour avoir enlevé par erreur le rein sain d'une patiente cancéreuse, admise pour une néphrectomie.

Mais ce n'est pas tout. Le chirurgien avait récidivé sur une autre personne. La victime : Romain Gommenne. Il avait 18 ans, quand le 22 août 2006, il se fait opérer d'une dilatation veineuse au testicule. Il décèdera sur la table d'opération, emporté par une hémorragie.

L'opération a tourné au drame. Au cours de l'intervention, le Dr Giolitto aurait perforé une artère et une veine et ne serait pas parvenu à stopper l'hémorragie. La Cour d'appel de Reims l'a condamné à 18 mois de prison avec sursis, et un an d'interdiction d'exercer.