Dr Gérald Kierzek : ''C'est une décision politique''

Le médecin urgentiste Gérald Kierzek, figure de proue du mouvement de contestation contre la fermeture prévue du service des urgences de l'Hôtel-Dieu, a été démis lundi de ses fonctions de responsable du SMUR, le service mobile d'urgence et de réanimation. Alors que sa hiérarchie affirme que la décision est dictée par des raisons d'organisation interne, pour l'urgentiste, la sanction est éminemment politique. Gérald Kierzek a accepté de répondre à nos questions. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Dr Gérald Kierzek : ''C'est une décision politique''
  • Comment jugez-vous la décision prise par votre hiérarchie de vous démettre de vos fonctions de responsable du SMUR ?

Dr Gérald Kierzek : "C'est une décision politique, une mesure de rétorsion, ca me paraît très clair. Plus notre mouvement pour maintenir le service des urgences prend de l'ampleur, plus l'administration cherche à taper sur les individus. Elle invoque, pour motiver sa décision, "l'obligation de réserve". Mais c'est une véritable obligation de se taire.

"La seule chose qui compte, c'est le code de déontologie. Si je pense que les décisions de l'administration ont des conséquences sanitaires graves sur les patients, en tant que médecin, c'est mon devoir de les dénoncer."

  • Cette décision montre bien le climat tendu qui règne à l'Hôtel-Dieu. Vers quel chemin se dirige l'hôpital ?

Dr Gérald Kierzek : "La fermeture du service des urgences est prévue le 4 novembre prochain. La direction de l'assistance publique des hôpitaux de Paris veut reprendre les locaux pour en faire des bureaux et garder un hôpital dit "debout" avec un service ambulatoire. Ce n'est pas que les urgences mais l'ensemble de la structure hospitalière qui pourrait être touchée.

"Tous les jours, les urgences de Paris sont saturées, les patients peuvent attendre 8 à 10 heures sur un brancard. Avec les personnes âgées, le taux de mortalité augmente avec le temps d'attente.

"Alors en fermant les urgences de l'Hôtel-Dieu, on augmentera le flux de patients dans les autres urgences, le temps d'attente et donc le taux de mortalité. C'est inacceptable ! Notre mouvement de contestation se bat pour proposer un projet alternatif qui maintienne l'ouverture des urgences et un service de lits à l'Hôtel-Dieu."

  • Vous n'êtes plus responsable du SMUR, mais vous restez praticien au sein de l'hôpital. Allez-vous démissionner de vos fonctions d'urgentiste ?

Dr Gérald Kierzek : "Non je resterai urgentiste à l'Hôtel-Dieu. Mon travail ne change pas, je vais continuer à voir et soigner les malades. La décision de l'administration est bien symbolique et exemplaire, pour faire peur aux autres docteurs qui voudraient sortir du rang. D'autre part, je continue mon combat pour sauver le service des urgences de l'Hôtel-Dieu. Nous serons auditionnés jeudi par la commission des affaires sociales du Sénat sur cette question."

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