Une raie enceinte sans jamais avoir été en contact avec un mâle

Charlotte, une raie vivant dans l'aquarium d'une petite ville des Etats-Unis, attend des petits alors qu'elle n'a jamais partagé son bassin avec un mâle de son espèce.

Muriel Kaiser avec AFP
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Les "naissances vierges" sont extrêmement rares
Les "naissances vierges" sont extrêmement rares  —  Shutterstock

Elle est devenue une sensation locale. Charlotte, une raie hébergée en Caroline du Nord depuis plus de huit ans, attend des petits. Sa particularité ? Elle n'a jamais été en contact avec une raie mâle !

Fin novembre, elle a commencé à développer une grosseur inhabituelle. Les équipes de l'aquarium ont d'abord redouté qu'il s'agisse d'une tumeur. "Sa bosse a commencé à grossir encore et encore, et nous pensions que cela pouvait être un cancer", a raconté à l'AFP Kinsley Boyette, soigneuse et directrice adjointe de l'institution.

Des "naissances vierges"

De tels kystes sont connus pour pouvoir se développer dans les organes reproductifs des raies qui ne s'accouplent pas. Mais après une échographie, la bonne nouvelle tombe : il s'agit en fait d'oeufs. 

Charlotte la raie pourrait donner naissance d'un jour à l'autre. De telles "naissances vierges" sont rares et la période de gestation peut varier et n'est pas forcément de trois à quatre mois comme habituellement.

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Qu'est-ce que la parthénogenèse ?

La possibilité de se reproduire sans la contribution génétique d'un mâle a longtemps été considérée comme extrêmement rare, mais a été observée ces dernières années chez de nombreux vertébrés, y compris des oiseaux, des reptiles et des poissons - la raie en est un - mais jamais chez des mammifères. 

"Pour citer Jurassic Park, la vie trouve toujours un chemin", a dit à l'AFP Bryan Legare, du Centre d'études côtières de Provincetown, dans le Massachusetts.

Des animaux ne pouvant s'accoupler mettront ainsi parfois en oeuvre ce processus nommé parthénogenèse, a-t-il expliqué. De petites cellules appelées globules polaires, formées en même temps que les oeufs et qui normalement se désintègrent, fusionnent alors à nouveau avec l'oeuf, procurant le matériel génétique nécessaire pour créer un embryon viable. 

Un à deux cas par an

Difficile de savoir à quelle fréquence cela se produit, selon Bryan Legare. Un cas impliquant un requin ou une raie dans un aquarium est rapporté tous les ans ou tous les deux ans. Il se pourrait que cela ait également lieu dans la nature, mais seuls des tests génétiques pourraient le confirmer.

Les risques de problèmes de santé augmentent par rapport à des grossesses classiques, selon les experts. Dans le cas de Charlotte, si quatre petits naissent comme attendu, l'aquarium espère pouvoir doubler la taille de son bassin. 

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