Quel suivi gynécologique après le confinement ?

Le confinement a eu des répercussions sur la santé des Français. Quelles sont les conséquences sur le suivi gynécologique ? Quelles sont les mesures prises depuis le déconfinement par les gynécologues pour assurer le suivi de leurs patientes  ?

Lucile Degoud
Rédigé le , mis à jour le

Pendant deux mois, l’épidémie de coronavirus a pris toute la place ou presque en termes d’accès aux soins. La gynécologie ne fait pas exception. Entre les cabinets gynécologiques fermés pendant le confinement, et les patientes qui ne voulaient pas consulter de peur d’être contaminées par le virus, énormément de consultations ont été annulées partout en France.  

Des rendez-vous annulés qui ne sont pas sans conséquences

La plus grosse crainte pour les professionnels de santé, c’est le retard de diagnostic. Les chiffres ne sont pas encore là pour le dire mais il y a des patientes qui n’ont pas été prises en charge pendant le confinement et qui dit retard de diagnostic dit perte de chances pour la patiente. Plusieurs mois "perdus" peuvent être lourds de conséquences dans la prise en charge d’un cancer, par exemple. 

Le rendez-vous chez le gynécologue sert à dépister le cancer du col de l’utérus, avec le frottis, et un éventuel cancer du sein grâce à l’examen clinique qui consiste à palper les seins.  

Pendant le confinement, les gynécologues, comme tous les professionnels de santé, ont eu la consigne de privilégier les téléconsultations, mais ces examens ne peuvent pas être réalisés en téléconsultation.  

C’est pourquoi la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale appelle les femmes à reprendre le chemin des cabinets. Sa présidente le Dr Pia de Reilhac a déclaré dans un communiqué "Mesdames s’il vous plaît n’oubliez pas votre santé".

Des délais très longs

Dire aux femmes qu’il faut retourner chez le gynécologue est une bonne chose. Mais le délai d’attente est souvent très long. 
En temps normal, il peut y avoir des semaines voire des mois d’attente pour avoir un rendez-vous chez un gynécologue, dans certaines zones géographiques en France. Avec toutes les consultations annulées pendant 2 mois qu’il faut reporter, le délai pour avoir un rendez-vous va être encore plus long.  

Depuis le 11 mai, les consultations gynécologiques reprennent progressivement dans les cabinets de ville mais la situation d’avant confinement n'est pas revenue.  

Ces consultations doivent respecter toute une liste de mesures barrières :

  • Le port du masque obligatoire pour les patientes.
  • Masque et gants pour le médecin.
  • Solution hydroalcoolique à disposition pour se laver les mains.
  • Distanciation dans la salle d’attente entre patientes ou même un intervalle suffisant entre les rendez-vous pour que les patientes ne se croisent pas dans le cabinet.
  • Il faut venir seule.
  • Désinfection après chaque patiente de tout ce qui a pu être touché, etc...  

 


Avec toutes ces contraintes, les consultations prennent plus de temps : le gynécologue peut assurer moins de rendez-vous qu’avant dans une journée.  

Pour un simple suivi gynécologique

Il faut faire preuve de bon sens : 

  • S’il y a quelque chose d’anormal, des symptômes comme des saignements, des pertes, une boule dans le sein, des douleurs... Il faut consulter. Si vraiment la patiente a peur d’aller au cabinet à cause du virus, elle peut faire une téléconsultation et le gynécologue jugera s’il est nécessaire ou non de se rendre au cabinet. Si c’est une urgence, il y a aussi les urgences gynécologiques à l’hôpital. 
     
  • Si c’est pour un renouvellement de contraception, par exemple, ce n’est pas obligatoire d’aller chez le gynécologue. Ça peut être l’occasion d’aller chez une sage-femme. On ne le sait pas toujours mais les sages-femmes ont des compétences très larges et souvent il y a beaucoup moins d’attente pour avoir un rendez-vous. 

Les femmes peuvent aussi aller directement à la pharmacie avec une ordonnance même périmée pour un renouvellement de pilule

C’est une décision qui a été prise dès le début du confinement, le 18 mars : "les pharmaciens sont autorisés à délivrer la pilule contraceptive aux femmes dans l’impossibilité de faire renouveler leur ordonnance, sur simple présentation de leur ancienne ordonnance". 

Cette mesure était initialement valable jusqu’au 31 mai, mais elle a été prolongée jusqu’au 10 juillet car l’état d’urgence sanitaire est prolongé jusqu’à cette date.  

Où en est-on de l'accès à l’IVG ?

L’accès à l’IVG a été plus difficile pendant le confinement pour différentes raisons : 

  • Il y a eu moins d’IVG chirurgicales à cause de l'engorgement des hôpitaux.
  • Il y a eu moins d’IVG à cause de la difficulté de se déplacer pour certaines femmes.
  • Il y a eu moins d’IVG à cause de l’impossibilité de se rendre à l’étranger dans les pays où le délai pour avorter est plus long qu’en France. 

 De nombreux professionnels de santé, associations, politiques, ont demandé une mesure exceptionnelle et provisoire pour allonger le délai légal d’IVG : 

  • Ils demandaient que le délai passe de 5 à 7 semaines de grossesse pour les IVG médicamenteuses à domicile. Cela a été accepté et et est entré en vigueur mi-avril pour toute la durée de l’état d’urgence sanitaire donc jusqu’au 10 juillet.
  • Ils demandaient un allongement du délai de 12 à 14 semaines de grossesse pour les IVG chirurgicales. Cet allongement a en revanche été refusé plusieurs fois et un nouvel amendement va être examiné au Sénat.  


Un bras de fer se joue en ce moment sur l’allongement du délai de l’IVG chirurgicale

  • Il y a d’un côté les associations, médecins, avocats, politiques, qui demandent cet allongement provisoire de 12 à 14 semaines pour l’IVG chirurgicale. Ils estiment que c’est absolument nécessaire pour faire face à une situation exceptionnelle. Depuis le déconfinement, il y a beaucoup de patientes qui arrivent pour des IVG et qui sont hors délai. C’est ce que constate notamment le Planning familial. 
    Rien n’est encore vraiment revenu à la normale dans la prise en charge des IVG avec le déconfinement.
  • De l’autre côté, les anti-IVG craignent que si le délai de 14 semaines est provisoirement accepté, il devienne pérenne. 

Pour savoir plus :

  • Si vous avez besoin d’informations sur l’IVG dans ce contexte particulier : numéro vert anonyme et gratuit : 0 800 08 11 11. IVG.gouv.fr