Gilets jaunes : des personnalités appellent Agnès Buzyn à "lever le voile" sur le nombre de blessés

Dans une tribune, des personnalités demandent à la ministre de la santé de révéler le nombre de blessés depuis le début du mouvement des gilets jaunes.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Ces dosages sanguins recherchaient des traces d'intoxication au cyanure due aux lacrymogènes
Ces dosages sanguins recherchaient des traces d'intoxication au cyanure due aux lacrymogènes

La tribune, publiée mercredi 6 février dans Mediapart et signée par une centaine de personnalités, demande à la ministre de la santé, Agnès Buzyn, de "lever le voile" sur "le nombre de manifestants et de membres des forces de l'ordre" hospitalisés depuis le début du mouvement des gilets jaunes. Parmi les signataires figurent le journaliste Edwy Plenel, l'écrivaine Annie Ernaux, l'acteur Swann Arlaud ou encore la cinéaste Dominique Cabrera. Aux côtés de syndicalistes et de sociologues, notamment, ils y dénoncent "l'épisode de répression le plus violent depuis 1968", à l'œuvre selon eux "dans les rues de France".

Plus de trois mille blessés

"Une marseillaise est décédée, Zineb Redouane, des lycéens ont été éborgnés, des ados sont mutilés, des femmes et des hommes apprennent à vivre avec des gueules cassées, avant des mois, voire des années, de réparations esthétiques", s'indignent les signataires de la tribune, en référence aux dégâts causés par l'utilisation controversée du lanceur de balle de défense (LBD) et de grenades lacrymogènes par les forces de l'ordre durant les manifestations de gilets jaunes. 

Début décembre, en effet, une octagénaire, Zineb Redouane, est morte des suites de blessures provoquées par des éléments d'une grenade lacrymogène, tirée pendant des heurts en marge d'une manifestation de gilets jaunes, alors qu'elle fermait les volets de son appartement. Selon le collectif militant "Désarmons-les", 20 personnes ont été gravement blessées à l'œil (la plupart éborgnées) par la police depuis le début du mouvement. Et d’après les chiffres officiels, plus de 3.000 personnes (gilets jaunes et membres des forces de l'ordre) ont été blessées depuis le 17 novembre.

"Pour que le vérité soit faite"

"Choqués" par le "silence" de "l'administration de la santé publique", les signataires demandent à "l'État, et en particulier au ministère de la Santé (...), de lever le voile maintenant sur le nombre de manifestants et de membres de forces de l’ordre" hospitalisés depuis le 17 novembre 2018 et sur "le type de blessures dont ils souffraient". Ainsi que sur le nombre de personnes "qui ont subi des dommages irréversibles (éborgnement, diminution de l'acuité visuelle, surdité, diminution de l'acuité auditive, amputations, etc.)". "Nous espérons que tous persisteront à soulever ces questions pour que la vérité, rien que la vérité, toute la vérité soit faite", concluent les signataires.

Samedi dernier, plusieurs dizaines de milliers de gilets jaunes ont défilé à travers la France pour dénoncer les violences policières, au lendemain de la décision du Conseil d'État de maintenir l'usage du LBD.

Plusieurs pétitions

La tribune a donné lieu à une pétition sur change.org qui avait recueilli plusieurs dizaines de signatures en quelques heures.

Une autre pétition, lancée en janvier par le chef du service de neurochirurgie de Besançon, le Pr Laurent Thines, et signée par de nombreux professionnels de santé, réclame, elle, "qu'un moratoire soit appliqué sur l’usage des armes sub-létales de maintien de l’ordre en vue de bannir leur utilisation lors des manifestations". Elle a été signée par plus de 148.000 personnes.